✑ Les archives du blog de FANTASY de décembre 2012 de Catherine Boullery

Les Archives du blog de #fantasy de décembre 2012
tome 1 - Aila et la Magie des Fées

La saga d'Aila  fantasy


fantasy

Note : 4.6 / 5 avec 283  critiques

Les archives du blog de fantasy d'Aila de décembre 2012

29 décembreDe retour ! Après quelques jours dans le Cotentin, décoiffés par un vent permanent et parfois sous une pluie battante, les promenades ont été rares… Nous avons profité des rayons de soleil du jour de Noël pour une balade vers le phare le matin, puis vers les maisonnettes colorées l'après-midi entre grisaille et magnifique coucher de soleil… Appareil photo en main, j'ai capturé quelques beaux instants sous des lumières dorées ou des camaïeux de gris ou de bleu.
Pour les amateurs d'Apple, retrouvez dorénavant la saga d'Aila sur iBookstore / iTunes : Aila et la Magie des Fées et La Tribu Libre. Soyez les premiers à mettre un commentaire, pour l'instant cela fait un peu vide !
J'espère que vous avez passé un bon Noël et partagé de bons moments avec ceux que vous aimez. Maintenant, direction réveillon du Premier de l'an dans une ambiance très calme pour nous, mais c'est exactement ce qu'il me faut ! Il va me falloir réfléchir au menu de la soirée qui, même calme, se doit de revêtir un petit air de fête !
Bon samedi et à demain !

23 décembreJ'étais sur le point d'écrire que j'étais heureuse de faire une pause dans mon travail pour le lycée jusqu'à ce que je me souvienne qu'en fait, hier, j'ai passé plus d'une heure à mettre mes sites à jour (cahier de texte, chargement des corrections des exercices et des T.P.) ! Mais, aujourd'hui, je vais faire un effort ! Cela n'exclut pas le fait d'emporter un paquet de copies pour les quelques jours au grand air qui s'annoncent. On ne sait jamais, j'aurais peut-être un peu de temps entre le réveillon et le repas de Noël !
Comme je ne serai plus là demain pour souhaiter à ceux qui sont concernés un « Joyeux Noël », c'est tout de suite maintenant que je m'y colle : JOYEUX NÖEL ! Profitez bien de cette période si courte pendant laquelle votre vie ressemble à un sapin de Noël : des guirlandes, des lumières, des odeurs résineuses. Je me souviens que lorsque j'étais petite, jamais nous n'aurions fêté ce moment familial sans les chants traditionnels de Petit papa Noël à La marche des rois en passant par Vive le vent. J'entends encore les craquements de disques vinyles résonner dans ma tête… Pour terminer sur la manne commerciale que représente Noël, d'autres chanteurs ont profité du filon, j'avoue avoir un petit faible pour la chanson de Mariah Carey All I want for Christmas is you, version noire et blanc, naturellement !
Pourquoi tant de nostalgie cette année ? Je croyais avoir dépassé l'absence de ceux qui ont disparu de ma vie et je ne sais pas pourquoi je me sens rattrapée par l'envie de les serrer encore une fois dans mes bras, comme si les souvenirs qui me restent d'eux ne me suffisaient plus, un vague à l'âme qui sera emporté par les vagues de la mer, comme la renaissance d'un nouveau matin…
À vous tous, je souhaite un bon dimanche, un bon réveillon et un Noël rempli de saveurs !

22 décembreJe suis en vacances… Et, vous remarquerez, je n'ai même pas la force de sauter de joie, juste celle de me dire qu'il était temps que cette pause arrive pour me permettre de me reposer et de me détendre. J'aime infiniment ces moments de ma vie où une grande partie de mes contraintes s'évanouissent pour quelques jours : plus d'horaires à respecter, plus de courses permanentes et, enfin, le temps de souffler…
Je désirais reprendre, après la prise en main de mon nouveau PC, l'habitude du blog quotidien sauf que, toujours ballottée entre mon boulot et une grande fatigue, c'est une forme de paresse qui s'est imposée à la fois à mon corps et à mon esprit, un problème de connexion temporaire entre mes quelques neurones qui avaient perdu une bonne partie de leur efficacité ! Donc, ce n'est que maintenant que je me sens en vacances, avec de nouveau du temps à ma disposition que je me relance dans l'aventure, mais seulement le temps des deux jours de connexion qu'il me reste !
Je n'ai même pas eu l'occasion de vous parler du bal de la country ! J'ai passé un super moment, même si je ne connaissais qu'une partie des chorégraphies… Mais, comme rien ne m'arrête, même quand je suis débordée par le boulot (il me reste toujours bien un moment quand je n'en peux plus de travailler !), je me suis appliquée à apprendre toute seule quelques chorégraphies supplémentaires : Summer Fly, Leaving of Liverpool, Big Blond et, pour terminer, Let's chill au détail près que je me suis aperçue tardivement que ce n'était pas celle du bal ! Aucun regret, j'ai pris beaucoup de plaisir à la danser !
Alors que Noël s'approche, les souvenirs d'enfance remontent à ma mémoire, de ceux qui vous rappellent un monde révolu par la disparition de ceux qui vous ont élevés… Voudrais-je revenir en arrière ? La réponse est clairement non, je refuse de revivre une nouvelle fois le chagrin de leur maladie et de leur mort. Il me reste à refouler la part de chagrin qui m'envahit à cette époque de l'année quand je pense à eux et à me concentrer sur l'amour que je leur porte, du moins le temps que je leur survivrai. La vie est ainsi faite qu'elle vous prive toujours trop tôt de ceux que vous aimez. Aucun retour en arrière, il me faudra juste continuer ce que je fais tous les jours : avancer.
Passez un bon week-end !

19 décembreJ'ai un ordi ! J'ai de nouveau un ordi ! C'est super ! Je vais pouvoir consulter mes mails sans attendre trois heures, travailler sur un écran à taille humaine, imprimer sans difficulté, na na nère ! J'ai retrouvé un ordi !!!!
Comme vous pouvez le constater, ma joie est immense et mon soulagement encore plus grand ! Sauf que… maintenant, faut que je retrouve tous mes mots de passe ! C'est l'ennui quand votre PC sauvergarde tout à la place de votre tête, vous vous sentez très diminuée quand revient le moment de vous en souvenir, vous les avez presque tous oubliés ! Trop cool… Et puis, il existe ce plaisir un peu particulier de réinstaller en quelques heures trois ou quatre ans de logiciels qu'il faut retrouver sur le net et exécuter, un vrai bonheur… Je fais tout petit à petit, mais même cela me prend un temps infini… Bon, je ne vais quand même pas trop me plaindre, car… j'ai retrouvé un ordi !
Comme vous avez pu le constater, la vie d'Aila a continué, même sans le blog ! La voici dans de nouvelles aventures aussi trépidantes et magiques que dans le premier tome, voire plus. Dans ce nouveau volet, La Tribu Libre, notre combattante nous entraîne en pays hagan, au cœur des montagnes et des cimes enneigées avant de rejoindre Avotour, puis de repartir dans le royaume de Faraday et tout cela dans un seul livre ! Mes amis, je vous préviens, vous n'allez pas vous ennuyer !
Bientôt Noël ! Pensez à faire des cadeaux ! D'ailleurs, faut que je m'y mette ! Comme c'est le moment de remplir vos liseuses, allez donc voir sur UPblisher si quelques-unes des œuvres proposées ne vous séduiraient pas !
Bonne journée !

12 décembre « Mon ordi m'a lâchée, je vous le dis…
Ça devait arriver, à moi aussi
à force de bosser, sans m'arrêter depuis longtemps…
Il m'a abandonnée à ma détresse
et, moi, désespérée, je pleure sans cesse
en quête d'un miracle ou d'un autre comme lui…
 »
Sur l'air de Mon ami m'a quitté de Céline Dion.
Conclusion : depuis dimanche soir, je suis dans la m… la plus totale…
Quelles sont les bonnes nouvelles : relecture terminée ! Pour le coup, cela a été limite, car c'est au 2/3 du niveau trois, 2e relecture que, sbloug, l'alimentation a de nouveau fait des siennes, à un détail près, une fois rallumé, le disque dur n'a jamais voulu se relancer. En conclusion : le bruit des ventilateurs, la lumière bleue, mais un bel écran noir ! Dans mon malheur, je n'ai pas perdu mes données (enfin pas encore…), puisque mon disque, remonté sur un autre ordi, est accessible. Résultat : sauvegarde immédiate des fichiers prioritaires (école, photos, Aila). J'avais déjà un disque de sauvegarde. Mais, en raison de mon actuelle quantité de travail, je repoussais les sauvegardes régulières, me disant que je m'en occuperai une fois la relecture terminée. Eh bien non ! Franchement, il existe des actions qui ne devraient jamais être remises à plus tard !
Bonne journée !

8 décembreÀ quoi peut-on bien rêver ces jours où les frimas d'hiver sévissent dehors ? Moi, je sais ! À hiberner… Alors, cher père Noël, je te remercie de bien vouloir me trouver une grotte bien chaude et confortable pour y passer l'hiver. Bien installée dans une obscurité apaisante, je fermerais mes petits yeux fatigués et ne me réveillerais qu'au retour du printemps, heureuse de pouvoir enfin ôter les multicouches qui me tiennent chaud, même à l'intérieur. Y fait froid !
Ma performance d'hier : mon premier commentaire argumenté en 1re L/ES ! J'ai parfaitement suivi tous les conseils que j'avais mis au point pour mes élèves après une intense cogitation et ça marche, même si je le savais avant d'essayer ! Donc j'ai :
- fait ressortir les mots clés ;
- recherché tous les arguments dans les documents ;
- recherché les arguments dans mes connaissances et ma culture générale.
Ensuite, petite rupture dans l'avancée de mon travail en raison de nouvelles heures de cours. Retour à la maison, mise en forme de ma correction et hop, c'était parti pour la rédaction en respectant les consignes d'un seul jet. Allez, je vais quand même relire (encore, ça va me changer…) une nouvelle fois, mais si je change un ou deux mots pour utiliser un vocabulaire plus précis, ce sera tout le bout du monde ! Donc contente !
Chapitre 15, le dernier à relire, mais que ce soit sur lui ou sur mes copies, je n'avance pas ! Ce n'est pas faute de m'y escrimer !
Bonne soirée

7 décembreBlog du matin, entrain ! Hihihi (voix off : rire jaune), je rigole…
Encore une dernière journée à tenir avant le week-end… Vivement ce soir !
Malgré la dualité de mes activités, la relecture avance, j'ai fini la double de niveau trois jusqu'au chapitre 14, entamé le 15, dernier du livre et celle allégée de niveau 5 jusqu'au chapitre 9. Enfin, un peu de lumière derrière les nuages ? J'ai également avancé dans mon boulot pour le lycée, mais pas autant que je l'aurais souhaité…
Ce week-end, je m'attaque à la correction du commentaire argumenté. Eh oui, même en sciences, nous avons la chance d'avoir ce type d'épreuves… Comme d'habitude, nos hauts pontes proposent de nouveaux exercices sans vérifier la formation de leurs enseignants, c'est comme donner des maths à enseigner à un prof de français ! En attendant, je me forme toute seule, car ce n'est pas avec les renseignements fournis par les différentes académies que j'ai pu me faire une idée, ça non ! Heureusement quelques collègues disposaient de documents personnels qui m'ont bien fait avancer…
En conclusion, j'aimerais que ceux qui pondent les programmes soient clairement identifiés, je saurais sur qui je pourrais rêver de jeter des tomates à défaut de leur envoyer une lettre vibrante de colère ! Et toc !
Bon courage !

5 décembreL'horreur des jours qui s'enfuient sans pouvoir être retenus… Entre mon dernier blog et aujourd'hui, il s'est écoulé 4 jours ! J'ai même cru que je m'étais trompée dans les dates, même pas…
Il me reste moins d'une semaine pour terminer la relecture. Si seulement je n'avais que cela à faire, mais c'est loin d'être le cas ! Je ne compte plus tout le travail du lycée que je dois réaliser pour la semaine prochaine… Je n'ai plus qu'à croiser les doigts en espérant que je parviendrai à tout faire en temps et en heure. Malheureusement, je ne vois pas comment…
Et s'il n'y avait que cela ! Didier s'escrime sur la couverture, mais rien ne va. Non pas que ses réalisations soient sans intérêt, bien au contraire, mais parce qu'à force d'en faire, il ne parvient plus à reconstituer celles qui nous plaisent le plus. Le pauvre bosse comme un forcené, partageant son temps dans une relecture qui vérifie la mienne, les compositions qu'il multiplie et son propre travail. Il est aussi bien loti que moi ! Nous faisons vraiment la paire…
Question entendue en cours hier : « C'est vrai, madame, que vous avez écrit un livre ? » Exactement le style de question qui me prend totalement au dépourvu ! Et, comme chaque fois, je me retrouve à bafouiller des explications incertaines… Je voudrais tant pourtant partager le plaisir d'écrire et celui d'être lue alors que je n'échange que des platitudes incohérentes. Peut-être aurais-je une nouvelle chance plus tard de faire passer le message…
Bonne journée !




Extrait gratuit d'un des livres de la saga d'Aila offert par Catherine Boullery, auteure de fantasy (autres passages sur Amazon). Excellente lecture ;)

Quand la première cloche sonna, Aila se leva et regarda par la fenêtre l’attelage d’Hector partir. Il allait lui manquer… Comme le lui avait rappelé son frère, elle se souvint qu’elle fêtait ses dix-sept ans, aujourd’hui. Cependant, elle ne célébrait pas un anniversaire ordinaire… Un peu troublée, elle réalisait que sa vie ne correspondrait pas à celle qu’elle avait choisie, mais uniquement à celle qui lui serait donnée de vivre. Elle serait une combattante qui partagerait le pouvoir des fées, tout un programme… Désormais, son existence se découperait entre les différentes facettes de sa personnalité. Saurait-elle les concilier à chaque instant ? Évitant tout bruit qui perturberait Lomaï, elle s’habilla et rejoignit le manège pour son entraînement.

Quand la deuxième cloche sonna, elle remonta vers sa chambre, espérant le débarquement d’Élina avec le petit déjeuner, elle avait faim et désirait passer du temps avec Lomaï. Élina attendait avec son plateau, et Lomaï, désormais réveillée et radieuse, semblait flotter sur un petit nuage… Cependant, ceci ne l’empêcha pas de s’occuper de sa nouvelle amie.
— Allez-vous mieux, Aila ? Vous paraissiez tellement lointaine, hier. Je me suis inquiétée pour vous.
— C’est gentil, Lomaï, merci, je me sens bien. Depuis que nous nous sommes rencontrées, nous avons passé bien peu de temps ensemble et je me demandais ce que vous aviez vécu après mon emprisonnement.
— Oh ! cela a été terrible ! Après votre départ, je me suis jetée avec colère sur le roi en le traitant de monstre et en le frappant de toutes mes forces, expliqua Lomaï, les yeux brillants. Il a immobilisé mes poignets pour m’obliger à me calmer, il est très fort, vous savez, et m’a décrit que, pour moi, vous vous étiez mise dans une situation désespérée. Il ignorait comment vous sortir de cette impasse, car un échange de vies est irréversible. Il a fait appeler les princes et Aubin, puis nous avons passé la nuit dans la bibliothèque du château, puis dans celle du mage royal afin de rechercher la solution qui pourrait vous sauver.
— Cette période a dû être bien pénible pour vous…
— Oh ! oui, mais certainement moins que la vôtre ! Vous demeuriez dans tous nos cœurs ! Ce fut finalement sire Avelin qui a tiré le livre adéquat et cette mascarade, aussi abominable fût-elle pour vous, restait votre seule porte de survie. Alors, nous nous y sommes tous résignés, y compris votre frère. Je me souviens de son visage, il était livide. Aubin s’est bien occupé de moi depuis que vous m’avez confiée à lui. Enfin, tout le monde s’est montré gentil, même le roi… Le lendemain, je lui ai expliqué ma terrible méprise et il a accepté mes excuses. J’ai failli le tuer et, pourtant, il me pardonne ! Est-ce que vous l’imaginez ? Je dois beaucoup à cet homme d’une grande bonté. Il a offert que je reste ici, puisque je voulais devenir votre humble servante, mais que vous nécessiteriez, à son avis, plus une amie qu’une domestique… Vous savez, ma maman était vraiment une mère dévouée et elle a fait tout ce qu’elle pouvait pour moi. Elle n’a juste pas réussi à nous sortir de la misère et ce n’était pas faute d’avoir travaillé jusqu’à en donner sa vie. À présent, je vis dans un château, je porte de jolies robes même plus rapiécées, j’ai chaud, je n’ai plus faim. Je n’ai jamais été aussi heureuse de ma vie !
Lomaï se mit à tourner sur elle-même, avec grâce. Ses longs cheveux s’épanouirent comme une corolle autour d’elle avant de retrouver leur place lorsqu’elle s’arrêta.
— Alors, plus de combats ? Plus de kendas ? questionna Aila, taquine.
— Si ! Mais je veux également vivre comme une femme…
Aila s’interrogea un instant sur la signification exacte de sa réponse, mais n’approfondit pas le sujet. Voir Lomaï si rayonnante suffisait à son bonheur. Elle lui proposa de retourner à cheval chercher son arbalète et le reste de ses affaires après manger et Lomaï accepta.
— Souhaiterais-tu que je t’apprenne à monter ?
Lomaï rougit violemment et baissa les yeux.
— Ne prenez pas cette peine, je m’exerce déjà. Merci beaucoup.
Tout en parlant, Aila se détourna pour sortir.
— Au fait, Lomaï, plutôt que mon humble servante, je te considère comme une amie. Alors, tu peux me tutoyer…

Ensemble sur Lumière, Aila et Lomaï descendaient une route qui menait à la ville basse. Lomaï n’avait pas rangé ses effets dans la petite maison qu’elle occupait, mais dans une cache qu’elle avait confectionnée sur un toit.
— Ce n’était pas trop difficile de vivre ici ? s’enquit Aila.
— Si. Ici, tous les jours, il faut se battre pour survivre. Mère m’a beaucoup protégée, mais j’ai dû, moi aussi, apprendre à lutter. En permanence, des gens succombent sur le trottoir à cause du froid, de la faim, de la maladie ou parce qu’un plus fort a eu raison de lui. La moindre nourriture donne lieu à des bagarres terribles dans lesquelles notre voisin est prêt à nous arracher les yeux pour récupérer ce que l’on a eu le malheur de dégotter avant lui. Obtenir et conserver une maison requiert une protection. Des bandes se cachent des soldats et font régner leur loi, indépendamment de celle du royaume. Si on les paie, on peut survivre plus longtemps que les autres…
— Et qu’a fait ta mère pour s’en sortir en plus de son travail ?
— Elle plaisait à un chef auquel elle se vendait.
Aucune honte ne ressortait dans les propos de Lomaï, simplement de la fierté.
— Ta mère était vraiment une femme courageuse et déterminée.
— C’est vrai.
— Où est-elle enterrée ?
— Dans la fosse commune… Sans argent, je me suis conformée à ce qu’elle m’avait demandé et je l’ai juste déposée dans la rue pour que la charrette qui passe tous les matins la ramasse et l’emporte.
Sa voix s’étrangla et ce fut un sourire plein de tendresse qui naquit sur les lèves d’Aila.
— Tu es comme elle, Lomaï, courageuse et déterminée.
Elle sentit les bras de Lomaï se resserrer autour de sa taille, le compliment l’avait touchée.
— Et ta maison ?
— Ce n’est déjà plus la mienne. Brigo, celui qui appréciait ma mère, essayait de me convaincre de la remplacer. Comme cela ne me tentait pas alors je m’apprêtais à la quitter…
— Où serais-tu allée ?
— Dans la rue, bien sûr. Regarde, c’est là !
Lomaï descendit de Lumière et escalada rapidement un mur. « Dans la rue », songeait Aila. Elle l’avait ramenée avec elle juste à temps pour lui éviter une vie encore plus précaire… Hors de vue pendant quelques minutes, Lomaï réapparut, tenant un sac.
— Aila, il faut déguerpir. Une des bandes dont je t’ai parlé arrive par une rue voisine. Elle ne vient pas pour nous, mais autant ne pas la croiser.
Son amie en croupe, la jeune femme talonna Lumière qui fila au trot allongé. Les jeunes femmes furent soulagées de revenir dans la ville haute sans rencontre désagréable.

Le déjeuner permit à Sérain de présenter le programme de la journée. Hector parti, les activités reprenaient leur cours habituel. Le repas fini, la réunion commença dans son bureau. Sérain indiqua qu’il ne disposait pas, pour l’instant, de nouvelles de la compagnie menée par Aténor à Pontet, le village de l’aubergiste. Adrien fit le point sur les progrès dans la mise en place des hérauts. Il en avait sélectionné quatre avec soin et avait organisé la répartition des comtés qu’ils prendraient en charge de telle façon que toute information n’excédât pas treize jours pour parvenir aux châteaux principaux les plus reculés.
— Voilà ce que je suggère : notre premier héraut s’occupera de Trérour, Uruduo et Partour. Le suivant traitera Melbour, Valmor et Aroure. Ces deux-là réintégreront rapidement Avotour, il leur suffira de cinq jours pour regagner notre cité par le chemin le plus court. Le troisième couvrira Barnian et Cordor avec dix jours pour revenir.
Adrien montrait au fur et à mesure les trajets proposés sur la carte qu’il avait étalée.
— Le dernier s’activera à Antan, Escarfe et Hanau. De fait, c’est la seule mission qui comporte une durée de voyage de retour aussi longue que celle de l’aller. En conclusion, nous avons atteint notre objectif et pouvons contacter les châteaux principaux de tous nos comtés en moins de deux semaines et encore sans se presser. Cela complète de façon efficace nos cavaliers chargés de transmettre les messages urgents du roi. Je crois qu’Aila a mis l’accent sur une faiblesse de notre système de gouvernement. Nous nous sommes trop reposés jusqu’à présent sur les chaîneries et nous devons absolument reprendre les rênes que nous leur avions laissées sur le cou. À présent, dans les conseils, il faut organiser la mise en place du nouveau procédé de remontée de toutes les informations. Et là, une idée de génie m’a inspiré ! Je suis allé demander à nos conseillers comment faire et, pour une fois, ils m’ont pondu une réponse tout à fait cohérente et convenable qui permettra que, à partir des conseils, les nouvelles du roi soient distribuées jusqu’au plus petit des bourgs. Une fois obtenue la nouvelle liste de villages plus détaillée que celle dont nous disposions, nous serons prêts à tout mettre en fonction. Quand j’ai exprimé mon immense fierté à l’égard de leur travail, ils se sont aussitôt rengorgés. Puis j’ai ajouté que personne d’autre qu’eux ne pouvait expliquer leurs plans aussi bien et donc je les ai chargés individuellement de leur réalisation sur place. Ils ont reçu leur ordre de mission avant-hier et partent à cheval, demain, avec deux gardes chacun.
Adrien étouffa un petit rire avant de poursuivre :
— Pour éviter toute réclamation, ils ont tiré au sort leur destination. Après, s’ils voulaient négocier entre eux, ils le pouvaient. Par conséquent, père, vous voici sans conseillers pour un bon mois, voire plus, avec la tranquillité en prime ! Personnellement, je me réjouis d’avance en imaginant combien la dureté de la selle va les changer désagréablement de la mollesse de leurs fauteuils. Qu’ils aillent donc reprendre contact avec la vraie vie !
Le prince jubilait à juste titre et Sérain souriait. Ils avaient la même prestance, voire même plus affirmée chez le fils.
— Attendez ! Je n’ai pas fini ! reprit-il. Toujours en suivant les précieuses recommandations d’Aila qui nous a bien expliqué que les sollicitations des bourgs lointains pouvaient être négligées, eu égard aux décisions, souvent arbitraires ou égoïstes, des conseils, j’ai fait former douze nouveaux hommes, un par comté dont la mission sera la suivante : parcourir d’un bout à l’autre le territoire qui leur est attribué pour prévenir chaque village, du plus petit au plus grand, de la mise en place dans chaque conseil d’une boîte à doléances où les villageois pourront déposer leurs demandes. Leur contenu sera relevé mensuellement. D’ici quelque temps, nous pourrons constituer une deuxième équipe de hérauts si la première n’y suffisait plus…
Sérain réfléchissait.
— Je pense que cette fréquence conviendra pour l’instant. Malgré tout, prévoir la formation d’autres messagers dès maintenant me semble une sage résolution.
— Bien. Que nous reste-t-il à faire ? Ah ! oui ! À écrire la première lettre du roi à ses citoyens. Que voulez-vous y inscrire ? poursuivit Adrien.
— Nous pourrions annoncer les décisions arrêtées lors de la réunion avec la chaînerie des grains, proposa Sérain. Si nous en prenons de nouvelles d’ici leur départ, nous les rajouterons.
— Je crois qu’il faut attirer l’attention dans les villes sur cette procédure inédite, ajouta Adrien. Nous devons mettre en avant l’intérêt du roi pour ses citoyens. Alors, comment le formuler ?
— Peut-être « La famille royale d’Avotour vous informe des décisions qu’elle a prises. » Qui dit mieux ? demanda Avelin.
 « Le roi Sérain d’Avotour a décidé, pour soutenir son peuple, de faire ci et ça… », proposa Aubin
— Bon début, mais nous, alors ! On n’y évoque pas les princes ! rétorqua Avelin. Il ne faut pas nous oublier ! Une idée, Aila ?
— Non, plutôt une remarque… Nous sommes arrivés à la conclusion que les chaîneries donnaient l’impression d’être les vrais preneurs de décisions et nous cherchons à en prouver la fausseté. Si, dans notre nouvelle démarche, nous ne parlons que du roi, nous négligeons leur rôle. Comme nous, elles ont discuté, négocié, avancé des propositions pour améliorer la situation des leurs et je trouve dommage d’opérer comme elles en les reléguant au rang qu’elles nous attribuaient auparavant. Agir ainsi me semble incorrect.
— C’est quand même moi qui prends les décisions ! s’exclama le roi.
— Je vous l’accorde, mais elles coordonnent un important travail d’assistance, même s’il est partial et imparfait. Je l’ai observé à Antan, elles sont omniprésentes et doivent faire de même partout. S’il est normal qu’ils ne retirent pas toute la gloire de vos résolutions, il me paraît aussi logique de reconnaître et de respecter leur engagement.
— Alors que suggérez-vous ?
 » À l’écoute des demandes de la chaînerie des grains, le roi s’est engagé à… cette dernière assurera leur mise en place dans les conseils principaux. » Enfin, quelque chose dans ce goût-là…
— Aila a raison, ne rendons pas aux chaîneries ce que nous leur reprochons. Personnellement, je vote pour. Alors ? interrogea Adrien.
— Je te suis, dit Avelin.
— En l’absence d’opposition, c’est d’accord, conclut le roi.
Elle remarqua qu’Hubert n’avait pipé mot. Et dire qu’ils allaient bientôt voyager ensemble pour une longue mission…
— Passons au sujet suivant, poursuivit Sérain. Un messager est parti ce matin chercher des kendas. J’espère bien que, parmi eux, se trouvera celui qui m’est destiné, puisque Lomaï s’est approprié celui qu’Aila avait déniché… D’ailleurs, à ce sujet, je désirais vous annoncer que j’ai fait remercier le brave boutiquier en lui offrant deux sequins. Je présume que ceci suffira…
Elle garda pour elle que le vieil homme n’en escomptait qu’un. Après tout, peut-être valait-il plus au regard du bonheur qu’il avait procuré à Lomaï. Un petit coup d’œil vers la jeune femme lui apprit que cette dernière rougissait encore en référence à l’allusion que le roi avait glissée à son propos.
— Je crois qu’à présent nous avons épuisé toutes les questions. Nous allons pouvoir lever la séance.
— Sire ? intervint Aila. Il en reste une que vous n’avez pas évoquée. Maintenant qu’Hector est parti, je m’attendais à perdre mon statut de promise et vous ne l’avez pas abordé.
Elle perçut la gêne du roi ainsi qu’un rapide échange de coups d’œil entre Adrien et Avelin. Allons donc, qu’est-ce qu’ils avaient bien pu inventer pour qu’elle demeurât la promise d’Hubert ? Elle sentit l’énervement pointer le bout de son nez…
— Auriez-vous encore prévu un bal en présence d’un nouvel ami ? s’enquit-elle, innocemment, bien que personne ne fût dupé par l’ironie qui perçait sous son ton. Votre Majesté, vous m’aviez dit que, si je voulais que cette situation cesse, il me suffisait de le demander. Alors, je le réclame, je souhaiterais reprendre ma place de combattante et ne plus jouer à la fausse promise. S’il vous plaît…
Sérain paraissait particulièrement gêné.
— Je ne peux plus malheureusement répondre positivement à votre requête aujourd’hui.
— Quoi ! Mais pourquoi ? Qu’y a-t-il de nouveau depuis hier ?
— Ce matin, j’ai reçu une lettre très officielle du roi de Wallanie qui désire marier sa fille aînée à notre prince héritier, ce qui me place dans la situation délicate de ne pouvoir lui refuser cette union, dont je ne veux pas pour l’instant, sauf si Hubert est déjà promis à une autre dame…
Aila était anéantie.
— Pardonnez-moi, Votre Majesté. Cette supercherie sera très vite éventée. Personne ne peut se tromper très longtemps sur les relations entre votre fils et moi.
— Hector l’a bien été ! Cela suffira, répliqua Hubert vertement.
— Non, vous êtes dans l’erreur ! Hector n’a pas été berné le moins du monde.
— Quoi ! Que lui avez-vous raconté ? Vous êtes donc incapable de vous taire ! s’énerva immédiatement le prince.
— Je n’ai rien dévoilé ! Il m’a posé la question et je lui ai avoué la vérité ! Peut-être êtes-vous susceptible de mentir à votre meilleur ami, moi pas !
— Et qu’a-t-il répondu ?
— Vous voulez vraiment savoir ce qu’il a dit ?
— Oui !
— Eh bien, vous l’aurez voulu ! Il a dit : « Hubert se comporte comme un imbécile en n’ayant pas deviné la femme que vous cachez… » Ceci vous convient-il ou vous en voulez encore ? Désirez-vous que j’évoque le magnifique baiser que vous m’avez donné pour faire plaisir à votre second père ? Jusqu’à quelle compromission êtes-vous prêt à vous abaisser, sire Hubert, pour sauver votre face ?
Le ton montait. Comme deux coqs parés pour l’affrontement, chacun était dressé sur ses ergots.
— Je suis prêt à me traîner dans la poussière pour mes amis, si nécessaire !
Aila explosa de colère.
— C’est à cela que vous me comparez ! Vous choisissez bien mal vos promises, sire Hubert ! À moins que vous ne preniez juste que ce vous êtes capable de dégotter !
— Je vous interdis de dire cela !
— Il ne suffit pas de l’interdire, il faut aussi prouver le contraire !
— Assez !
La voix du roi s’éleva comme le tonnerre et coupa court à la dispute.
— Non, mais regardez-vous ! Sous mes yeux, j’ai deux morveux immatures en train de se quereller ! Si vous étiez des enfants, je vous renverrais sur-le-champ dans vos chambres, sans manger ! Et dire que c’est à des gamins, incapables de contrôler leurs émotions, que je vais confier une des missions les plus importantes pour notre pays ! Je vous accorde une heure pour régler vos différends et quand, dans une demi-cloche, je reviendrai, je veux voir des adultes sensés ! Ai-je été clair ?
Elle baissa la tête, mais pas son fils aîné qui regarda son père bien en face, sans aménité.
— Venez, dit le roi aux autres participants, laissons-les grandir ensemble !

Aila et Hubert se retrouvèrent tous les deux, seuls, dans le bureau, l’éclat de leur dispute résonnant encore à leurs oreilles. Le prince se leva pour se camper devant le feu, lui tournant ostensiblement le dos. Le silence s’installa. Aucun des deux ne parlait. Aila se torturait la tête pour répondre aux attentes de Sérain, mais rien ne lui traversait l’esprit. Elle repensait à tous les moments qu’elle avait partagés avec Hubert, les franchement désagréables comme les autres où elle avait senti battre son cœur plus vite…
— Qui êtes-vous, sire Hubert ? Moi, j’ai besoin que vous me l’expliquiez, parce que je ne sais pas.
— Et en quoi cela peut-il vous intéresser ?
— En rien. Je disais juste cela pour causer ! Regardez-vous ! Vous n’êtes même pas capable de me répondre simplement. J’essaie de déployer des efforts et votre seule réaction consiste à m’envoyer promener ! Par les fées, quel grand communicateur vous êtes ! J’espère que votre père n’attend pas que vous lui serviez de diplomate !
— Laissez mon père en dehors de cela ! S’il s’est emporté contre moi, c’est uniquement de votre faute !
— Non ! Il s’est irrité contre nous, et nous le méritions autant l’un que l’autre ! Reconnaissez-le ! En face de moi, vous perdez le contrôle de la situation ! Parfois, vous me donnez l’impression que vous n’attendez que cela pour exister. À croire que votre vie est vide à en mourir !
Hubert se tourna vers elle, son regard figé dans une expression qu’elle ne déchiffra pas.
— Pourquoi dites-vous cela ?
— Quoi ?
Aila était tellement énervée qu’elle ne savait même plus ce qu’elle venait de déclarer.
— Que ma vie est vide à en mourir, précisa Hubert.
Il avait l’air si blessé qu’elle fut déchirée par les remords d’avoir parlé sans réfléchir.
— Souvent, vous paraissez si froid, si distant, comme si vous ne ressentiez rien… Et puis, à d’autres moments, vous êtes charmant, voire prévenant comme avec dame Éléonore, même si cette façon d’agir apparaît plutôt rarement envers moi…
Elle n’ajouta pas le mot troublant qui lui vint à l’esprit et reprit rapidement :
— Je n’arrive pas à vous suivre, je n’arrive pas à vous faire confiance. Parfois, vous me donnez l’impression d’être unique et puis, l’instant d’après, vous êtes terriblement blessant à mon égard. Mais qu’est-ce que je vous ai fait pour que vous me détestiez autant ?
— Je ne vous déteste pas.
— Mais alors, expliquez-moi !
— Il n’y a rien à expliquer. Vous êtes agaçante, c’est tout !
— Eh bien non, ce n’est pas suffisant ! Vous ne pouvez pas justifier votre comportement par un seul mot sur moi ! Et vous, qu’êtes-vous donc ?
— Un imbécile, vous l’avez déclaré vous-même, répondit-il, en répétant la phrase d’Hector…
Elle se sentit affreusement gênée.
— Il n’a pas dit que cela, il vous estime énormément.
— Alors qu’a-t-il raconté d’autre que je ne sache pas ?
— Il a affirmé que vous vous étiez emmuré vivant dans un silence que vous ne saviez plus briser.
— Vous pouvez m’indiquer pourquoi il vous raconte cela à vous et pas à moi !
— Oui, tout à fait. Je me répète : parce que vous vous êtes emmuré vivant dans un silence que vous ne savez plus briser…
Il s’assit, inclinant sa tête qu’il prit entre ses mains. Aila se rapprocha.
— Peut-être que si vous vous laissiez aller juste un petit peu, vous pourriez partager plus avec ceux qui vous entourent. Tous vos proches vous aiment et vous respectent.
— Qu’en savez-vous ?
— Avelin l’a évoqué avec moi et son regard affiche les mêmes sentiments que ceux que je perçois dans les yeux de sire Adrien et de votre père.
— Il vous en a parlé… C’est fou tout ce que les gens peuvent vous raconter.
— Vous ne croyez pas si bien dire ! Je sais aussi qu’ils vous ont fait boire…
Totalement abasourdi, il leva la tête. Comment ses frères avaient-ils osé en discuter avec elle ?
— Et que vous, en réponse à cette offense, les aviez punis. Avez-vous un instant essayé de comprendre leurs motivations ? poursuivit-elle, impitoyable.
Il secoua la tête.
— Vous être triste, sire Hubert, enfermé dans un monde sans joie et sans plaisir. Comme moi, vous voulez tout contrôler. Malheureusement, vous n’y arrivez pas et vous ne l’acceptez pas. Regardez-moi ! Vous me déplacez comme une potiche décorative depuis le début, robe, bal et pas le moindre petit mot gentil pour m’encourager à me déguiser en femme. Vous me faites valser comme une reine, m’embrassez dans un jardin obscur et ne m’adressez plus la parole après… Vous me sauvez, puis vous m’abandonnez. Ai-je donc si peu de valeur à vos yeux ?
— Non, ce n’est pas cela…, répondit-il, avec une douceur surprenante au cœur de leur discussion avant de s’énerver à nouveau. Mais vous êtes tellement incontrôlable ! Vous contestez mes ordres, combattez mieux que moi et accaparez la place auprès de mon père…


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