✑ Les archives du blog de FANTASY de juillet-août 2014 de Catherine Boullery

Les Archives du blog de #fantasy de juillet-août 2014
tome 3 - L'Oracle de Tennesse

La saga d'Aila  fantasy


fantasy

Note : 4.6 / 5 avec 283  critiques

Les archives du blog de fantasy d'Aila de juillet-août 2014

31 aoûtOh la la, ce chapitre 12, c'est une perle à tout point de vue ! Cependant, l'histoire qui s'y déroule est tellement intense que je ne suis poussée que par une seule envie, celle de renforcer chaque mot, chaque expression pour embellir encore l'écriture. Alors, avec pas loin de 50 000 caractères à parcourir, je doute d'avoir terminé ce soir.
Que cette reprise va me paraître difficile… Concilier de nouveau deux métiers aussi exigeants l'un que l'autre persiste à être le véritable défi de ma vie depuis presque deux ans et demi. J'accumule les semaines sans pause et les week-ends studieux, les vacances écourtées aussi… Quelquefois, il m'arrive d'envier ceux dont l'esprit peut vagabonder sans contrainte quand le mien s'astreint à une discipline de fer.
Une de mes élèves de l'an passé m'a gratifiée d'une bien jolie attention. Connaissant mon amour pour les papillons, elle m'a envoyé la photo de l'un d'entre eux prise pendant ses vacances. J'ai trouvé son geste totalement adorable. Voilà pourquoi j'aime mon métier d'enseignant, parce qu'il m'offre la chance extraordinaire de croiser des personnes comme elle. Parfois, pourtant, ce travail à temps plein me semble d'une incroyable ingratitude, surtout quand je donne à fonds perdu. Je me souviens de la réponse d'une de mes collègues à ma frustration. Elle m'avait expliqué que je ne récolterais jamais les petites graines que je pensais avoir plantées. Croître ou grandir demande du temps et une année ne suffit pas. De fait, elle avait raison. Donner ne doit pas s'accompagner de l'espoir de recevoir, il doit rester un acte purement désintéressé. Voilà ce dont je devrai me souvenir les jours où le courage me manquera… Bon dimanche à tous.

23 aoûtC'est parti pour le chapitre 7, très court (10 pages), mais avec très peu de dialogues et donc une densité d'écriture impressionnante… J'avoue éprouver un faible tout à fait spécial pour l'imagination d'Aila dans cette partie du tome IV, faible partagé par l'amie qui m'a suivie tout au long de la rédaction de la saga. Il existe des instants où l'invention parvient à rejoindre une vision philosophique de l'esprit et offre une approche inédite (de fantasy, naturellement) de notions sur lesquelles se sont penchés et se penchent encore de nombreux penseurs de haut vol. Glups, un tantinet présomptueuse, peut-être vais-je me faire taper sur les doigts pour avoir osé croire, l'espace d'un instant, qu'un roman pouvait rivaliser avec la profondeur et la pertinence d'une réflexion conceptuelle.
Une question a traversé mon esprit en parcourant Amazon : quelles explications peuvent être avancées pour expliquer qu'un roman se mette à marcher ou pas ? Aujourd'hui, certains auteurs sont reconnus, mais, au tout départ, ils appartenaient à la vaste communauté des écrivains, sans que rien ne les distinguât en particulier des autres, sinon, de toute évidence, un talent particulier. Bien que… Prenons deux auteurs aux aptitudes équivalentes, l'un poussé par la promotion et l'autre pas, parviendront-ils tous les deux à percer ? Ou deux livres notés entre 4 et 5 étoiles sur Amazon, connaîtront-ils le même nombre de ventes ? En conclusion, qu'est-ce qui détermine le succès ? Voilà le débat est ouvert !
Bon week-end à tous.

21 aoûtEn pleine relecture ! Par les fées, mais quel boulot ! Quelle idée d'écrire des bouquins aussi denses… Dix-huit chapitres pour le tome IV et, malgré les heures passées à travailler (entre 7 et 10 heures par jour), je n'avance par vite. J'entame aujourd'hui le chapitre 6, mais ce n'est qu'une première étape parmi de nombreuses autres. Je laisse passer un peu de temps puis je reprends les chapitres pour une nouvelle lecture. Plus les étapes avancent, plus la relecture est rapide, car la besogne est simplifiée par le travail préalable fait en profondeur. Cependant, 500 pages à lire plusieurs fois, ça reste long !
Heureusement quelques bonnes nouvelles pour m'encourager dans mon dur labeur dont de bonnes ventes en juillet (je me doute qu'août sera plus creux) et de nouveaux retours positifs qui prennent immédiatement leur place dans les avis des lecteurs. J'en partage un avec vous :
« Je viens de terminer le tome 1 de la magie d'Aila et… je suis bluffée. Quelle imagination, et ça se lit tout seul, donc bravo pour le style. On ne peut plus s'arrêter. Je vais donc bientôt devoir attaquer le tome 2. Donc toi, tu es scientifique et littéraire, quelle chance ! Je suis conquise, tu as une nouvelle fan… »
Belle fin de semaine à tous.

9 aoûtBon, les vacances n'ont qu'un temps et il faut bien à un moment ou un autre se remettre au boulot. Conclusion : relecture du tome IV, c'est parti ! Dans le même temps, je poursuis la constitution des deux livrets de photos pour Ulule, quel boulot ! Mais j'éprouve aussi une certaine forme de plaisir à redécouvrir certaines photos et à les regrouper dans un petit album. Comme d'habitude, je veux faire les choses bien et, comme d'habitude, je prends le temps nécessaire. Surtout que, dans le même temps, j'ai la tête dans les papillons ! Quelques belles captures d'images, quelques nouvelles espèces, déjà sept de plus sur la page des papillons français et une petite vingtaine à venir dont certains sont encore en recherche d'identité avec une belle découverte : les papillons de nuit ! Je râlais déjà sur l'identification des individus de quelques familles des papillons diurnes. Maintenant, avec les nocturnes, je pleure ! Enfin, juste un petit peu, car, sinon, je suis totalement séduite !
Je vous avais promis quelques photos de mes périples en altitude, je tiens mes promesses, les voici :

Col du Lautaret
Col du Lautaret

Col du Laurichard
Col du Laurichard

Lac de l'Oule
Lac de l'Oule

Glacier d'Arsine
Glacier d'Arsine

Vue du col de la Ponsonnière
Vue du col de la Ponsonnière

Bon week-end.

26 juilletJe crois que blog se sent un peu en vacances et quoi de mieux dans cette période que d'oublier les tâches habituelles pour leur préférer d'autres, plus rares et donc plus précieuses…
En ce moment, je m'élève ! Je monte vers des sommets, heureuse lorsque quelques éclaircies daignent baigner les paysages d'une douce lumière. Malheureusement, elles sont rares et, même si jusqu'à présent j'ai su éviter les gouttes, mes doutes reviennent quand je regarde les prévisions météorologiques pour les jours à venir. Quel déplaisir que ce ciel plombé et cette pluie continue lorsque je ne rêve que de sortir !
Pour me faire pardonner de mon absence relative, je me ferai une joie de vous présenter quelques photos de mes périples alpins quand je raccrocherai mes chaussures pour quelques heures.
Bon week-end à tous.

17 juilletEnfin le soleil, la chaleur et les papillons, que ça fait du bien ! Il fait quand même bien chaud pour se promener, mais ce n'est que pour quelques heures puisque, demain, je rejoins le pays Hagan pour éviter le passage du Tour de France sur mon chemin !
Ma photo du jour

Citron
Citron

J'adore particulière les Citrons et les Citrons de Provence. Ces papillons, absolument magnifiques, volent avec une rare élégance. J'ai beau connaître la distinction entre les deux espèces (bord supérieur de l'aile entre le corps et l'apex concave pour le premier et convexe pour le second), j'ai toujours des doutes sur l'identification à coup sûr de l'un ou de l'autre, principalement si je considère la femelle du Citron de Provence qui est aussi claire que le Citron classique… Bon, j'ai fait de mon mieux ! Bon week-end à tous !

13 juilletIl pleut… Quel temps ! Si quelques rayons de soleil sont venus par intermittence éclairer l'horizon des dernières journées, le gris prédomine sans conteste. Rappelez-moi la date. Ah, oui… Il serait peut-être temps que l'été montre le bout de son nez de façon un peu plus efficace !
Réunion fructueuse avec mes éditeurs sur l'utilisation de la somme récoltée lors de la campagne de financement. Je vous tiendrai au courant de nos premiers pas sur un chemin pavé de bonnes intentions et de belles idées !
Je décrète aujourd'hui que je suis officiellement en vacances et donc… donc quoi ? C'est une bonne question ! Est-ce que dorénavant je me sentirai suffisamment disponible dans ma tête pour me remettre à la relecture du tome IV, pour finaliser — enfin — mes deux nouvelles, pour écrire la suite de ma saga ? Allez, je suis à fond et je réponds oui ! Sauf que je ne commence pas maintenant parce que je vais bientôt partir en vadrouille pour la journée… Je vous reparle donc bientôt de mes engagements et nous verrons à ce moment-là si j'ai tenu la distance. Bon dimanche.

9 juilletFin des courriers Ulule… Je me sens déchargée d'une lourde tâche qui a occupé beaucoup de mon temps et monopolisé bien trop de mon énergie. Je me dis que je vais enfin pouvoir passer à autre chose, même si je vais relancer quelques contributeurs que je ne connais pas et qui n'ont pas encore répondu, histoire d'être certaine que mes courriers n'ont pas fini en spam !
Si je devais retenir une impression spécifique de cette campagne de financement, une nouvelle fois, elle aurait les couleurs d'une belle aventure humaine. Je laisse aux fâcheux leur grisaille intérieure et profite de l'élan extraordinaire qu'a généré cet événement. Ma communauté est née une nouvelle fois ! Les liens se sont renforcés entre elle et moi et que dire de tous les messages de soutien et d'amitié, emplis de gentillesse, que j'ai pu recevoir. Les petits certificats que j'ai conçus peuvent paraître de bien modestes présents, mais ils portent en eux une haute teneur symbolique sur laquelle ceux qui m'accompagnent ne se sont pas trompés et, si l'émotion m'a étreinte lorsque je les leur ai envoyés, leur fierté a été grande de les recevoir. Quelle sensation enrichissante de partage ! Quel merveilleux moment avec eux. Une nouvelle fois, merci à vous tous ! Je vous aime !

certificat de la communauté d'Aila spécial Ulule
certificat de la communauté d'Aila spécial Ulule

Belle journée.

1er juilletToujours aux abonnés absents ! Rien à faire, les jours me glissent entre les doigts comme de l'eau claire. Pas la peine de chercher à les retenir, je sais que, bientôt, le flot tumultueux de mon existence va s'apaiser et me donner la possibilité de renaître dans la sérénité. En attendant, pas le choix, ma vie suit son cours et mon blog ses détours silencieux !
Quand une chanson me trotte dans la tête et que j'adore autant sa mélodie que ses paroles, c'est fini pour moi, je l'écoute en boucle jusqu'à ce que mort s'ensuive : I'm The man
Voici un extrait de la traduction :

« Levez-vous maintenant et tournez-vous face au soleil,
Je ne me cacherai pas, ni ne me retournerai pour fuir,
Il est temps de faire ce qui doit être fait,
Être un roi quand le temps du royaume arrive.
 »

« Eh bien, vous pouvez dire à tout le monde,
Oui, vous pouvez dire à tout le monde
Allez-y et dites à tout le monde
Que je suis l'Homme (x3)
Eh bien, vous pouvez dire à tout le monde,
Oui, vous pouvez dire à tout le monde
Allez-y et dites à tout le monde
Que je suis l'Homme (x3)
Oui, je le suis (x3)
Je suis l'Homme (x3)
 »

« Je connais les réponses à toutes vos questions,
Je serai le maître, vous pouvez être la leçon,
Je serai le prêcheur, vous serez la confession,
Je soulagerai rapidement toutes vos inquiétudes
 »

« Ce monde est le mien. »

« La limite entre amour et haine est mince,
Êtes-vous vraiment sincères, ou ne faites-vous que feindre,
Je suis un soldat qui se tient debout sur ses deux pieds,
Pas d'abandon et je ne battrai pas en retraite.
 »

Bonne journée.




Extrait gratuit d'un des livres de la saga d'Aila offert par Catherine Boullery, auteure de fantasy (autres passages sur Amazon). Excellente lecture ;)

Aila et Lomaï venaient de regagner leur chambre. Elles n’avaient partagé aucun moment pour se parler depuis la veille, quand les gardes avaient entraîné Aila. Sitôt la porte close, Lomaï se jeta dans ses bras.
— J’ai eu si peur pour vous ! Je suis tellement heureuse que vous soyez en vie !
Aila, un peu stupéfaite par cette brusque explosion d’affection, referma ses bras autour de Lomaï. Instinctivement, elle comprenait que sa nouvelle amie avait revécu à travers cette épreuve, la disparition de sa mère tant aimée. Puis, tout excitée, Lomaï s’écarta d’elle.
— J’ai voulu vous réserver une surprise. J’espère qu’elle vous plaira.
Elle partit chercher le vieux kenda et le lui rapporta, plus du tout crasseux ; elle l’avait nettoyé, poncé et ciré à tel point qu’il brillait comme un sequin neuf. Aila resta interdite.
— Il est magnifique, Lomaï ! Quel travail extraordinaire vous avez fait !
— Cela n’a pas été difficile ! Cela va même vous sembler idiot… En fait, vous n’allez pas me croire, précisa-t-elle, rougissante, mais il m’a expliqué tout ce que je devais faire, un peu comme une mélodie…
Elle baissa la tête, gênée, tandis qu’Aila secouait la sienne. Par les fées, le kenda avait chanté pour elle… La fusion avait fonctionné et elle ne pourrait plus l’offrir au roi. Elle poussa un soupir. Était-ce uniquement pour elle que la vie s’embrouillait à loisir ou était-ce identique pour tout le monde ? À moins que ce ne fût elle qui n’attirait que des complications…
— J’ai commis une bêtise ? interrogea Lomaï d’une petite voix.
— Non, tout au contraire, vous avez trouvé votre âme sœur en ce kenda. Il vous appartient désormais et, comme punition, vous viendrez vous entraîner avec nous cet après-midi !
— Mais je ne peux pas l’accepter ! Et puis je n’ai pas de vêtements pour combattre ?
— Pas ici, c’est certain. Mais je les soupçonne d’être cachés dans un coin avec votre arbalète. Nous irons les rechercher ensemble une autre fois. En attendant, je dispose de tout le nécessaire dans mon armoire. Ce ne sera pas parfait parce que vous êtes plus grande et plus fine que moi, mais ma précieuse Élina nous trouvera une solution !
En parlant d’elle, Aila s’imaginait presque la voir surgir… Mais non, et elle dut se résigner à aller la quérir. Élina résolut sur-le-champ le problème et les deux jeunes femmes furent fin prêtes à descendre vers le manège. Lomaï dissimulait son inquiétude du mieux qu’elle pût.
— Aila, je ne me suis jamais battue ainsi.
— Mais vous m’avez vue faire ! Et puis votre façon de lutter s’accorde parfaitement avec celle du kenda. Vous combattrez comme bon vous semble, mais lui, dit Aila, en montrant le bâton, maintenant qu’il vous tient, ne vous laissera pas vous dérober comme cela !

L’arrivée au manège de sire Hector se déroula en fanfare. Tous les membres de la famille royale au grand complet se déclaraient prêts et leur invité avait même revêtu une tenue plus confortable, au cas où…
— Sire, commença Aila, je pensais avoir trouvé un éventuel kenda pour vous au centre-ville. Il vous a été offert par Gatus Koui, un homme qui tient une échoppe d’armes anciennes et poussiéreuses. Je lui avais promis de vous transmettre son cadeau. Seulement, voulant me faire plaisir, Lomaï l’a nettoyé et le lien s’est créé avec elle. Je suis désolée…
Depuis qu’elle était arrivée au château, combien de fois avait-elle confessé à son roi qu’elle était désolée ?
— Aurait-il réagi pour moi sans Lomaï ?
— J’en doute, sire.
— Alors, permettez-moi de l’offrir à Lomaï. Faites-en bon usage, dit-il en se tournant vers la jeune femme. Je veillerai à faire remercier ce brave vendeur pour sa générosité.
Les yeux d’Hector, qui écoutait avec attention, pétillaient de convoitise, tels ceux d’un bandit qui découvre un trésor…
— J’entends des mots qui attisent ma curiosité : armes anciennes, lien. Expliquez-moi vite, je meurs d’impatience !
— Le dernier cadeau que les fées ont donné aux hommes avant de disparaître est ce kenda, une arme magique.
— Vous croyez aux fées, dame Aila ? s’étonna Hector.
— Eh bien, je n’y croyais pas, mais depuis, j’ai changé d’avis… Le kenda est une arme unique et vous vous choisissez mutuellement. Il vous appelle et vous répondez à son appel ou non. Mais c’est très rare, un kenda sait que vous êtes fait l’un pour l’autre, c’est pour cette raison qu’il vous attire à lui.
— Est-ce la seule magie de cette arme ?
— Non. Elle vous transforme en compagnons d’armes et sa fidélité devance de loin celle des hommes… Et lorsque vous vous battez, vous ne faites plus qu’un !
Aila ne sut plus quoi dire ; tout d’un coup, les mots lui échappaient pour exprimer cette incroyable fusion qui lui donnait l’impression d’être plus légère que l’air, plus puissante que le vent, plus rapide que la lumière…
— Je vais vous montrer. Avelin, s’il vous plaît ?
Il obtempéra, tout fier d’avoir été sélectionné pour la démonstration. Elle lui transmettait des consignes brèves et courtes : « Ressens ! », « Perçois ! », « Agis ! » et il s’exécutait avec grâce et légèreté, il devenait vraiment habile. Le rythme s’accéléra et Avelin le soutint avec un peu plus de difficultés, tout en s’accrochant. Puis elle se détourna et s’éloigna. Stoppant sa course, elle bondit vers lui en une multitude de sauts arrière et finit, tel un oiseau étendant ses ailes, par passer au-dessus de lui, et se retrouva accroupie derrière lui, prête à sauter à nouveau. Elle lui permit juste de se retourner avant de recommencer. Sa vitesse d’exécution incroyablement rapide empêchait le jeune prince de réagir. Elle accéléra encore, disparaissant aux yeux de ceux qui cherchaient à la suivre du regard. Elle ne laissait à sa suite qu’une espèce de traînée qui troublait la vue, car on s’efforçait d’y trouver ce qui n’existait déjà plus… Avelin avait cessé de se battre, il ne savait même plus où elle était avant de la découvrir devant lui, le kenda dressé, puis doucement abaissé vers le sol. Elle le salua.
Pas un mot, pas un bruit avant l’explosion. Lomaï se mit à applaudir à tout rompre et à crier son enthousiasme, bientôt rejointe par tous les spectateurs à l’unisson. Aila et Avelin se tournèrent vers eux et s’inclinèrent ensemble. Du coin de l’œil, elle observa, avec un serrement de cœur, que seul Hubert ne partageait pas cette allégresse collective.
— Dame Aila, je reste sans voix et vous n’avez pas accompli un mince exploit en m’y amenant, moi, le bavard impénitent. Vous m’avez enchanté ! Montrez-moi, je veux apprendre !
Elle prit le temps d’expliquer à Hector qu’il n’avait pas le kenda approprié et son utilisation se limiterait à celle d’une arme normale. Ceci ne fit pas reculer l’homme qui se révéla plutôt alerte pour son âge. Tout le monde, y compris le roi et Lomaï, s’y mit et l’entraînement se déroula joyeusement. Aila s’amusa à observer Lomaï en train de se créer une technique très personnelle, associant la façon dont elle se battait auparavant et ce qu’elle avait assimilé rien qu’en regardant. Loin de toute convention, elle alliait efficacité et grâce. Elle se dit que cette jeune femme deviendrait rapidement aussi forte qu’elle. En revanche, Aila sentit bien qu’Hubert ne progressait plus et qu’il en avait parfaitement pris conscience. Cela l’attrista pour lui, mais, bon combattant au demeurant, avait-il vraiment besoin du kenda et de magie des fées ?

L’heure vint de s’apprêter pour le bal. Après avoir transpiré dans la poussière du manège, le bain préparé par Élina lui procura un véritable plaisir qu’elle ne bouda pas. Son esprit flottait tranquillement sans idée précise. Comme toujours, se battre au kenda lui offrait l’occasion de mettre sa tête et son corps en parfaite harmonie. Elle se sentait à peine fatiguée, juste détendue et paisible. Élina lui laissa le temps de se reposer avant de passer aux choses sérieuses. Aila pensait remettre sa robe beige, mais Élina la détrompa. Le roi l’avait chargée d’en trouver une spéciale pour le bal en l’honneur de sire Hector et elle extirpa d’une nouvelle malle, qui avait dû arriver pendant qu’elle se baignait, une robe verte. Elle tendit la main pour caresser le tissu si doux et si soyeux.
— C’est pour moi… Par les fées, comme elle est magnifique ! De la même couleur que les yeux d’Oulys !
Aila perçut le regard interrogateur d’Élina qui ne posa naturellement aucune question et qui, tout aussi naturellement, ne se doutait pas qu’Oulys fût la fée Sève… Elle laissa Élina glisser l’étoffe sur sa peau, puis l’ajuster avant de s’asseoir devant le miroir. Il fallut beaucoup de temps pour brosser ses cheveux, les rendant aussi doux et soyeux que sa robe. Avec dextérité, elle les repoussa en arrière et les fixa avec deux peignes au milieu desquels elle déposa la touche finale, des pierres vert émeraude enchâssées dans une chaînette dorée…
— Avez-vous pensé à Lomaï ? s’enquit Aila.
— Bien sûr, répondit Élina, une autre suivante s’occupe d’elle.
Aila s’admira dans le miroir. À Escarfe, elle s’était presque trouvée belle, mais là, en se regardant, elle avait l’impression d’être encore une autre, une inconnue qui lui correspondait encore moins. Pourquoi toute cette comédie… ? Pourquoi avait-elle accepté de jouer ce rôle une nouvelle fois ?

Le prince passa la chercher pour l’emmener à la salle de bal. À leur arrivée, Hector s’avança vers Aila d’un pas alerte. Décidément, elle appréciait vraiment cet homme dont les yeux pétillants accrochaient son cœur. Il lui prit la main et la garda chaleureusement serrée dans la sienne :
— Dame Aila, je ne saurai vous dire combien j’aimerais être plus jeune, juste une soirée, pour pouvoir espérer ne serait-ce qu’un regard de vous… Vous êtes plus que ravissante, vous êtes féerique. Me permets-tu, Hubert, de mener ta Dame à notre table ?
Hector lui tendit le bras sur lequel elle s’appuya avec grâce et, parvenu à sa place, il s’assit entre elle et Sérain, Hubert s’installant de l’autre côté. La soirée débuta. Encore une fois, Hector eut mille et une histoires à conter. C’était un plaisir infini de l’écouter. Il peignait de touches colorées des pays qu’il avait visités. Il relatait ses aventures communes avec Arthur, un autre ami de la famille royale, qui comme lui, bourlinguait, mais plutôt sur les mers. Alors, de temps en temps, le terrien qu’il était se laissait tenter par les expéditions maritimes de son ami… Il décrivait les coutumes de chaque contrée avec précision et humour. L’écouter produisait un enchantement qui rivait tous les convives à ses propos.
— Et à présent, mon bal ! N’oubliez pas que je ne suis venu que pour cela ! s’exclama-t-il.
D’un geste, Sérain fit entrer les musiciens qui s’installèrent.
— Allez, mon presque fils, ouvre donc le bal avec la dame de ton cœur que je régale une dernière fois mes vieux yeux de la beauté de la jeunesse et de l’amour.
Le prince se leva et invita sa promise dont il sentit immédiatement le désarroi.
— Je ne sais toujours pas danser, lui murmura-t-elle.
— Alors, faites-moi confiance, pour une fois…
Leurs regards se rencontrèrent. Ce fut comme si elle découvrait la couleur de ses yeux pour la première fois. Ces derniers étincelaient sous les flammes des bougies telles des étoiles. D’ailleurs, les étoiles bleues existaient-elles ? Dans le ciel, elle les voyait toujours jaunes… Hubert enserra sa taille et lui prit la main. La musique s’éleva et la magie opéra à nouveau sur Aila. Ils tournaient, virevoltaient et elle s’envolait, son cœur battant à rompre. C’était comme si, à côté de l’air joué par les musiciens, jaillissait en elle une mélodie intérieure dont l’écho lui était inconnu jusqu’alors. Flottant, elle avait l’impression de vivre un rêve éveillé… Et quand l’orchestre s’arrêta, elle regretta de ne pouvoir le poursuivre. Cependant, était-ce la musique qui faisait vibrer son cœur aussi fort ou les bras de son cavalier ? Elle quitta Hubert pour rejoindre d’autres danseurs, dont le roi. Le prince ne l’invita plus, il ne dansa plus, il paraissait juste anxieux… Et elle l’oublia. Après les terribles épreuves qu’elle avait vécues la nuit d’avant, les joues rosies par les rondes et les rires, elle s’amusait, joyeuse et insouciante. Et puis il y eut ce moment inoubliable où elle arpenta la piste avec Aubin, radieux. La vie souriait à son frère : il appartenait à la garde du roi, sa sœur lui tenait compagnie et il participait à son premier bal… Et même s’il dansait maladroitement, que pouvait-il souhaiter de plus ?

Puis vint l’heure de se quitter. Hector s’approcha du couple princier et demanda à prolonger la soirée avec les amoureux dans une dernière promenade vers le jardin intérieur du château. Aila sursauta, elle ignorait son existence. Longeant les couloirs, elle discourait passionnément de tout et de rien avec Hector, riant de ses plaisanteries et tenant la main d’Hubert, parce que le second père du prince en avait exprimé le souhait. Hubert, lui, restait muet. Enfin, ils parvinrent au jardin qu’elle ne connaissait pas et elle fut saisie en découvrant cet endroit absolument ravissant, planté d’arbustes en fleurs et de buissons savamment taillés. Des torches astucieusement réparties l’embellissaient d’un surprenant éclairage en clair-obscur. Comment un château si austère pouvait-il renfermer un lieu aussi sensationnel ?
— Mes enfants, quelle belle soirée ! Je repartirai demain avec du soleil plein la tête. Votre idylle me comble de bonheur. Vous allez me prendre pour un vieux fou et, avec un peu de chance, vous aurez raison, mais j’ai une faveur à vous demander… Ce soir, j’ai envie, après vous avoir vu danser ensemble, de jouer les indiscrets et de ressentir une dernière fois les émois de votre âge. Je vais vous quitter sur la pointe des pieds. Et, alors que vous me croirez parti, je me retournerai pour surprendre un baiser… Je vous le promets, je ne resterai pas.
« Quelle demande incroyable ! », pensa-t-elle. Hector n’aurait-il pas tout deviné ? Ne cherchait-il pas à créer une situation ambiguë entre ses amoureux ? N’attendant pas leur accord, il les abandonna. Elle se retrouva seule avec Hubert, aussi mal à l’aise que lui. Elle leva son visage vers le fils du roi, distinguant à peine ses traits, noyés dans l’ombre. Ce fut cette obscurité qui laissa le tour se jouer. Les lèvres du prince se posèrent avec douceur sur les siennes, juste un peu plus longtemps peut-être qu’elles ne l’auraient dû. Elle ne sut plus vraiment où elle en était. Elle ne pouvait tout de même pas ressentir d’attirance pour cet homme qui la mettait en colère pour un oui ou pour un non, qui ne lui faisait pas confiance et qui la traitait comme une quantité négligeable ! Pas question ! Énervée, elle se dégagea avec brusquerie.
— Merci pour cette excellente soirée, Hubert, et à demain.

Élina l’attendait dans la chambre pour l’aider à se déshabiller. Elles le firent sans bruit, car Lomaï dormait déjà. Cela tombait bien, Aila n’avait pas envie de parler. Elle enfila sa chemise, prit une graine de Canubre et se coucha. Pourtant, elle n’arriva pas à s’endormir. Tournant et se retournant, elle revivait en permanence la soirée écoulée. Elle avait dansé dans les bras d’Hubert, tenu sa main et senti ses lèvres sur les siennes. Ça y était, elle devenait folle ! Son rôle de promise lui était monté à la tête ou quoi ! Après Barnais, voilà qu’elle se laissait embarquer, comme une gamine de seize ans — qu’elle était d’ailleurs — dans une nouvelle amourette de comédie ! N’importe quoi ! Comme si ce fils de roi, qui la supportait à peine, pouvait éprouver le moindre sentiment pour elle ! Et pourtant, elle avait ressenti tellement de douceur de sa part quand elle avait pleuré dans ses bras… Décidément, le sommeil la fuyait… Si seulement elle pouvait s’endormir et oublier toutes ses divagations. De toute façon, elle avait bien trop à faire pour songer à aimer ou à être aimée… La torpeur finit par la gagner et elle se retrouva dans le jardin des fées, Amylis arrivant vers elle de sa démarche souple et gracieuse.
— Bonjour, Aila ! As-tu pris ta graine ? s’informa la fée avant de la regarder avec attention. Je te trouve excessivement grave aujourd’hui, as-tu eu des soucis à la suite de ta dernière visite ?
Amylis s’inquiétait.
— Non, mon esprit est bien clair. Je dois simplement vous avouer que j’ai failli vous abandonner…
— Viens, Aila. Allons rejoindre mes sœurs et tu nous expliqueras ce qui s’est passé. Depuis le début du partage de notre magie, nous sommes en lien avec toi et percevons le danger ou la douleur que tu rencontres, sans en connaître la nature exacte. Nous savons que tu as vécu des événements dramatiques qui t’ont bouleversée au plus profond de ton être…
Sous les arbres, Aila s’installa au milieu des fées, devant le lac dont les frémissements chatoyants captaient son attention. Elle expliqua avoir spontanément donné sa vie pour en épargner une autre et que, ce faisant, elle avait renoncé à les sauver. Elle s’en voulait terriblement. Peut-être les fées devaient-elles rechercher une personne plus fiable qu’elle…
— Je suppose que celle pour laquelle tu as proposé de mourir valait la peine d’être protégée ?
— Oui ! Elle avait commis une grave erreur et souhaitait la réparer en se rendant au roi. Jamais je n’ai pensé un seul instant qu’en la ramenant, j’allais être à l’origine de sa mort ! Alors, quand Sérain a annoncé la sentence, je me suis sentie responsable et j’ai voulu la sauver ! Mourir à sa place est l’unique moyen que j’ai imaginé sur le moment…
Un silence particulièrement intense recouvrit la clairière. Les fées se concertaient du regard et Aila attendit.
— Nous avons réfléchi à ce que tu viens de nous raconter. Nous savons que tu as agi selon ton cœur pour mettre ton amie à l’abri et nous le comprenons. Cependant, tu ne dois pas exposer ta vie de façon imprudente. Ton rôle ne se limitera peut-être pas à nous sauver, car tu deviens détentrice de pouvoirs uniques sur Terre ! Tous les dons que nous partageons avec toi sont là pour te protéger et t’aider à réussir tes missions. Si tu disparais avant de les avoir effectuées, ceci pourrait engendrer des conséquences fatales sur l’avenir d’Avotour, par exemple… Ce que tu as fait pour épargner cette jeune fille démontre ta bravoure. Cependant, en la sauvant, même si elle en valait la peine, ce sont les vies de millions de gens que tu as mises en péril… Y as-tu seulement songé ?

Chaque mot accentuait le sentiment de culpabilité d’Aila. Elle prenait conscience des graves implications que son obstination pouvait causer. Elle n’avait pas le droit de condamner tout un pays pour secourir un seul être. Mais saurait-elle faire différemment ? Elle agissait de façon si spontanée, presque trop… Elle suivait ses intuitions sans le moins doute et, fidèle à ses convictions, elle devait sauver Lomaï ! En quoi était-ce distinct des autres fois où elle savait que faire et où aller ? Là aussi, elle avait des certitudes ! Alors, pourquoi les unes seraient-elles justes et les autres non ?
— Mes amies fées, vos reproches à mon égard sont justifiés. Mais si j’ai agi de façon impulsive, c’est parce qu’il était évident que je devais de le faire ! Comme si sauver cette personne et ne pas en mourir étaient le chemin qui m’était destiné… Est-ce que vous comprenez ?
Elle observa une brève agitation parmi les fées. Amylis reprit la parole :
— Tes mots sonnent si juste, Aila… Nous en concluons que tu as bien eu raison de suivre ton cœur. Et que tu dois recommencer si nécessaire. Nous ne connaissons pas l’avenir, nous espérons qu’il sera celui que nous imaginons et nous ferons tout pour t’aider à le mettre en place. Es-tu prête à présent pour t’ouvrir sur une forme de guérison plus poussée ?
Aila approuva, impatiente d’engranger cette aptitude.
— Nous allons nous appuyer sur tes connaissances déjà acquises en anatomie, les approfondir et les corriger, si elles sont erronées, pour t’offrir le don de guérir avec les mains ou ton esprit.
Les fées tendirent leurs bras au-dessus de la jeune fille, les faisceaux argentés fusèrent et le partage commença…


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