✒ L'avis 4★ de gabrielleviszs sur Aila et la Magie des Fées

L'avis 4★ de gabrielleviszs
tome 1 - Aila et la Magie des Fées

La saga d'Aila  fantasy


fantasy

Note : 4.6 / 5 avec 283  critiques

L'avis 4★ de gabrielleviszs :

Je tiens à remercier Babelio pour m'avoir permis de faire partie de ceux qui ont eu la chance de lire ce livre, ainsi qu'UPblisher et bien entendu l'auteur Catherine Boullery.
Je ne suis pas une très grande adepte de fantasy, mais j'aime bien en lire de temps en temps et la 4e de couverture, qui est un peu longue trop complète, m'a donné envie de le lire. Je dois dire que lorsque j'ai terminé ce livre, je ne savais pas trop quoi en penser. Il est très complet et complexe également, de par les personnages, mais aussi les situations et les mondes différents qui nous sont présentés. Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé, ni même adoré en totalité, il y a quelques passages qui m'ont paru très longs et d'autres au contraire qui m'ont énormément plu. Comme au niveau des personnages où certains sont vraiment très intéressants et d'autres qui ne m'ont fait ni chaud ni froid.
Reprenons par l'histoire, qui est tout de même longue et dont je vais très succinctement parler. Aila est une très jeune femme, tout juste 16 ans, lorsqu'elle va participer à un tournoi afin qu'elle puisse démontrer ses qualités en tant que combattante. Un problème de taille survint, pour être un participant, il faut l'accord des parents, hors cette jeune fille est celle du roi qui ne compte pas la laisser faire. C'est sans compter sur ce qu'elle va trouver afin de réussir à changer de géniteur, car ce dernier l'a rejeté depuis sa plus tendre enfance, élevé par son oncle, le propre frère du roi. Une vieille loi oubliée, des lettres prêtes et la voilà parée à toute éventualité, sauf celle de se blesser elle-même dans son amour propre. Elle fera partie de ces guerriers, certes, mais à quel prix ? Sans compter qu'elle ne va pas rester les bras croisés et accomplir maintes missions en compagnie de ses compagnons d'armes.
Beaucoup de surprises en perspectives, beaucoup d'aventures également et de quelques incompréhensions, surtout entre Aila et le prince Hubert. Je n'ai pas compris pourquoi il se passe tant de choses entre eux et qu'au final rien n'a abouti, à moins que ce ne soit dans la suite, mais au vu de la manière dont Aila va changer totalement et surtout irrévocablement, je suis surprise et je dois le dire, déçue.
En parlant des personnages, Aila est très autoritaire pour son âge, très décidée également et incisive dans ses choix, ses paroles. Elle a perdu beaucoup depuis sa naissance et a hérité d'un caractère fort, que je qualifierais par moment de casse-pieds pour rester polie. Elle n'a pas sa langue dans sa poche, ce qui, dans un monde où l'homme fait loi, montre qu'elle existe et que sa manière de penser est unique. Aila est unique, c'est un mot qui lui convient parfaitement. Elle sait se battre, connaît plusieurs langues, et plus les pages défilent plus nous apprenons qu'elle sait se servir de la magie des fées – bien entendu tout sera expliqué au fur et à mesure – a des dons de guérison, voire même un peu plus. C'est juste son âge qui me bloque un peu en comparaison de tout ce que je viens d'écrire et le fait qu'elle se retrouve à jouer de ses charmes pour obtenir des informations. Une dizaine d'années de plus aurait été plus judicieux, de mon point de vue. Par contre, lorsqu'elle se met à piquer des colères virulentes, là je la retrouve avec sa jeunesse et sa fougue. Dur de faire la part des choses.
J'ai beaucoup aimé les Princes Hubert, Avelin et Adrien. Tous les trois semblent au départ des clones les uns des autres, mais lorsque nous apprenons à les connaitre plus, nous découvrons qu'ils ont tous une personnalité différente. Ils ont tous été éduqués de manière à savoir gouverner, mais l'un d'entre eux est plus dur envers lui-même, un autre est plus calme et tempéré, tandis que le troisième serait un humoriste dans l'âme sachant rester sérieux lorsqu'il le faut.
Aubin, le frère d'Aila est intuitif, ingénieux et solidaire avec sa sœur. Il comprendra certains de ces choix, pas tous bien entendu, mais saura être une épaule en qui elle pourra compter. Tout comme d'autres combattants, mais nous les voyons moins, beaucoup moins. J'ai juste eut un souci avec l'un des prénoms de l'un de ces hommes, il s'agit de Pardon. J'aime beaucoup son caractère, c'est juste que l'appeler ainsi, pour ma part, il y a eut un passage où je n'ai pas compris à la première lecture, car le prénom Pardon se confondait avec le mot pardon et j'ai dû relire plusieurs fois ce passage pour être sur de comprendre qui était présent. Beaucoup d'autres personnages sont importants dans l'histoire et je n'en citerais qu'un seul de plus : la mère d'Aila. Bien que morte, elle fait beaucoup parler d'elle et a sut subvenir aux besoins de sa fille même par delà la mort. Une mère se retrouve toujours dans les cœurs de son ou ses enfants et ici nous en avons une preuve supplémentaire.
J'ai beaucoup aimé les relations qui se sont crées entre les personnages, des amitiés fortes et solides pour la plupart. Des amours naissants qui restent stagnants et qui auraient probablement eu plus de poids si ceux auxquels je pense s’étaient déclarés. Cela n'aurait peut être pas eu d'impact sur la suite des événements, mais les cœurs auraient été plus légers. Par contre je trouve dommage, mais je me dis que des explications seront sûrement dans la suite de cette saga, concernant certains personnages qui passent, comme quelques-uns des combattants, mais que nous ne voyons plus. Ou encore quelques soucis dont je ne raconterais pas ici qu'Aila et ses compagnons auront, qui seront résolus très rapidement. Comme je l'ai dit au départ, je suis mitigée, car il y a énormément de passages que j'ai aimé, mais tout autant que j'ai trouvé longs, sans description des lieux, sans savoir réellement où nous allions. Je ne peux pas reprocher de manque au niveau des actions, car il y en a un certain nombre qui fait avancer la destinée d'Aila, mais j'ai également eu l'impression que les autres protagonistes étaient reléguées en second plan dès qu'ils commençaient à apparaître un peu trop.
Quelques mots pour finir avec ce premier tome, la couverture est très belle, la fée dorée ne ressemble pas vraiment à ce que j'ai lu, mais elle donne un aspect féerique et mystérieux, tout comme ces fées qui sont citées et que prenons plaisir à découvrir.
De l'originalité dans l'histoire, des passages un peu trop longs par endroit, mais une belle magie qui a réussi à m'emporter par moment. Une histoire de chevaliers entre autres, de différence entre les monarques et le petit peuple, mais surtout une distinction entre les divers royaumes. La fin est surprenante et malgré les petites choses qui m'ont déplu, je sais que dès que je le pourrais je retournerais dans ce monde, car il a ce petit quelque chose qui m'a donné envie d'y retourner pour en savoir plus sur la destinée d'Aila. Je croise les doigts pour qu'un vrai méchant fasse son apparition, car c'est ce qui m'a manqué également.
Lien : http://chroniqueslivresques.eklablog.com/aila-et-la-magie-des-fees-tome-1-catherine-boullery.
(Source : )

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Aila et la Magie des Fées
de

aux Éditions UPblisher
Paru le
Environ 480 pages
Prix : 5,99  en toujours disponible
  → ISBN : 978-2-7599-0048-0 en

 
et aussi :
✯ Éditeur : UPblisher
  → ISBN : 978-2-7599-0047-3 en

✯ Éditeur : UPblisher
  → ISBN : 978-2-7599-0051-0 pour

✯ Distributeur : Amazon
  → ISBN : 978-2-7599-0316-0 en pour ceux qui aiment (14,99  €)

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Extrait gratuit d'un des livres de la saga d'Aila offert par Catherine Boullery, auteure de fantasy (autres passages sur Amazon). Excellente lecture ;)

À son réveil, le premier geste d’Aila fut de rajouter le livre des fées dans son sac à dos, elle ne voulait surtout pas l’oublier ! La veille au soir, elle avait dû omettre de prendre du Canubre, car elle se sentait nauséeuse. Elle mâchonna rapidement une graine, espérant ainsi recouvrer sa forme au plus vite. Lomaï, déjà debout, finissait son paquetage. Éprouvées par leur séparation prochaine, elles n’échangèrent que des banalités entrecoupées de sourires contraints. Ensemble, elles rejoignirent les autres membres du groupe pour avaler un petit déjeuner succinct. Aila salua tous ses compagnons et gagna les écuries pour s’occuper de Lumière. Fidèle à ses habitudes, elle lui raconta tout ce qu’elles allaient accomplir en équipe. Elle adorait cette impression que Lumière comprenait chaque mot qu’elle prononçait, qu’elle réagissait à ses propres sentiments. Entre elles existait une complicité implicite qui la comblait de bonheur. La jeune fille arrivait encore à s’étonner de la façon dont son cheval s’ébrouait ou piaffait pour exprimer son opinion ou venait frotter son museau contre son épaule, quémandant des caresses. La selle mise en place, Aila y fixa son kenda.
— Êtes-vous prête, Aila ?
Elle reconnut la voix d’Adrien, un peu plus sourde dans le petit matin. Elle hocha la tête et tira Lumière hors de l’écurie. Les deux voyageurs enfourchèrent leurs montures et partirent au pas vers la ville. Le soleil montait doucement dans le ciel, mais comme l’aube n’avait pas cédé ses couleurs à l’aurore, les habitants semblaient tout juste en train de se réveiller. Malgré le Canubre, la nausée persistait et, au cours de la matinée, elle s’intensifia tellement que la tête commença à lui tourner. Que se passait-il encore ? En général, les symptômes de sa visite aux fées s’estompaient rapidement. S’efforçant de cacher son malaise à Adrien, elle endossa son rôle de garde du corps et vérifia l’absence de danger sur leur route. Si elle réussit à tenir jusqu’au déjeuner, tout changea quand le prince lui proposa de prendre leur repas dans une auberge qu’ils avaient aperçue. À peine entrée dans la pièce, l’odeur de nourriture lui souleva le cœur et elle fit demi-tour aussi sec, soumise aux spasmes incontrôlables de son estomac. Il la rejoignit rapidement, attendant qu’elle ressaisît. D’une pâleur mortelle, elle resta agenouillée à même le sol. Quand enfin, les contractions s’espacèrent, il l’aida à s’asseoir contre un muret et partit lui chercher un verre d’eau qu’elle but à petites gorgées dès son retour. Elle lui fut reconnaissante de garder pour plus tard les questions auxquelles elle aurait été incapable de répondre. Elle se recroquevilla sur elle-même, sa tête enfouie entre ses bras et ses genoux. Elle aurait souhaité pouvoir dire au prince de déjeuner sans elle, mais elle n’y arriva pas. De fait, sa présence la rassurait et il resta à ses côtés sans songer à la quitter.
— Allez manger, sire Adrien, je me porte mieux à présent.
— Voulez-vous que je vous rapporte un en-cas ?
— Encore de l’eau et un quignon de pain pour plus tard…
Elle supposait qu’il enverrait un serveur lui apporter toute la nourriture, mais il revint en personne s’assurer qu’elle avait tout ce qu’elle désirait avant de repartir, seul, se rassasier à l’auberge. Ce fut un bruit sourd qui la tira du sommeil en sursaut. Par les fées, elle s’était endormie ! Elle ouvrit les yeux et aperçut son prince, assis contre le mur, les yeux fermés, qui dormait également.
— Sire ?
Il réagit immédiatement et lui sourit.
— À la bonne heure, vous voilà réveillée ! Comment allez-vous ?
— Beaucoup mieux. Avons-nous perdu beaucoup de temps ?
— Non, juste une petite demi-cloche. Sur dix jours de trajets, cela ne changera rien. Vous sentez-vous capable de repartir ?
Aila acquiesça et ils se remirent en route. Elle paraissait tout à fait bien maintenant et grignota en chemin un morceau de pain et du fromage dont les quelques portions suffirent pour assouvir sa fringale. Alors que la journée s’achevait, son état se dégrada à nouveau. La nausée remontait, accompagnée de vertiges. La jeune fille se mit à transpirer comme si elle devenait fiévreuse et ceci n’échappa pas à Adrien dont elle croisa le regard inquiet. Repérant une nouvelle auberge, en fin d’après-midi, il suggéra, toujours avec beaucoup de délicatesse, un repos pleinement mérité après ce premier jour de voyage. Elle ne fut pas dupe de la façon discrète dont il prenait soin d’elle. Elle aurait préféré lui montrer un autre visage d’elle-même, mais elle se sentait tellement incapable de poursuivre la mission qu’elle ne protesta pas. Elle monta directement se coucher, luttant contre la sensation de froid qui la paralysait progressivement. Tremblant de tous ses membres, elle se recroquevilla sur le lit, ignorant ce qui la faisait le plus souffrir, la nausée, les spasmes ou la douleur insidieuse qui lui martelait les tempes. Elle ouvrit les yeux un moment, découvrant autour d’elle des murs dont elle ne se souvenait pas, avant de sombrer une nouvelle fois. Son esprit errait, elle ne savait plus où, mais elle le sentait lui échapper et la conscience d’un danger tout proche finit par provoquer une réaction salutaire. Elle unit ses dernières forces pour murmurer d’une voix faible.
— Livre, sac…
Adrien, qui se tenait à ses côtés, se figea. Que venait-elle de dire ? Il hésitait, il lui semblait qu’elle avait parlé d’un livre… Il ne tergiversa qu’un instant avant d’ouvrir le sac d’Aila et de tout sortir avec application à la recherche du fameux ouvrage. Le sac vidé, il n’avait rien découvert et la poche intérieure qu’il avait palpée paraissait vide. Un soupçon d’énervement naquit en lui. D’un geste brusque, il retourna le sac et le secoua plusieurs fois jusqu’à en voir tomber un objet de la taille d’une main. Il s’accroupit et le ramassa. Voilà donc à quoi ressemblait le livre, petit et plat, très loin de ce qu’il avait imaginé, mais l’important était de l’avoir retrouvé. Aila n’était plus que douleur, elle en était arrivée au point de renoncer à tout, même à vivre pour faire cesser la souffrance quand la voix d’Adrien parvint à son cerveau :
— J’ai trouvé un ouvrage avec un paysage, est-ce lui, Aila ? Que dois-je faire ?
En dépit de ses muscles presque tétanisés, elle tendit la main vers le livre avant de s’évanouir. Quand elle se réveilla, Errys se tenait à ses côtés, littéralement épuisée.
— Amylis, elle revient avec nous ! s’exclama-t-elle.
— Aila, mais où êtes-vous donc allée ? s’enquit Amylis, terriblement angoissée.
Les idées encore brouillées, Aila distingua une autre voix, celle d’un homme… Adrien ! Mais que faisait-il au pays des fées ? L’espace d’un instant, elle eut envie de repartir, mais où déjà ? Elle ne s’en souvenait plus, cependant, elle avait comme laissé une partie d’elle là-bas. Non, ce n’était pas cela qu’elle devait faire, elle devait retourner avec le prince et ses amies les fées. Incertaine, elle se raccrocha aux voix qui l’appelaient, mais elles semblaient si lointaines que cela lui parût trop difficile et sa volonté fléchit à nouveau.
— Amylis, je la perds ! s’affola Errys.
— Laissez-moi faire ! Aila, c’est Adrien ! Revenez, vous êtes mon garde du corps et vous n’avez pas le droit de m’abandonner, je suis en danger ! Rentrez immédiatement !
Danger ! Il avait raison, son devoir de veiller sur lui la ramena un tant soit peu à la réalité. Elle devait retourner auprès de lui. Et pourtant, il y avait ce monde ailleurs, qui la sollicitait…
— Aila ! Moi, votre prince, je vous ordonne de rappliquer ici immédiatement ou je vais vous rechercher ! hurla Adrien.
La jeune fille se concentra sur la voix du prince. Elle se força à se désintéresser de tous ces chants, tous ces mots qui la réclamaient et qu’elle rechignait à quitter. Dans un ultime effort, elle reprit un chemin vers la lumière des fées, abandonnant à regret cet autre univers qu’elle avait à peine pris le plaisir d’effleurer. Son ordre résonnait encore dans sa tête quand elle leva ses paupières. Son regard tomba sur Adrien. Son cœur, déjà malmené, eut un brusque sursaut qui lui rappela la dure réalité de sa vie. Il avait les yeux bandés.
— Sire, articula-t-elle difficilement, vos yeux ?
À tâtons, il chercha son épaule pour y poser sa main.
— Rassurez-vous, Aila ! Je vais bien. Comme je n’ai pas le droit de pénétrer ici et que je ne peux m’en retourner sans vous, la solution la plus simple qu’a trouvée Amylis a été de me couvrir les yeux… Mais racontez-nous ce qui vous est arrivé, nous étions effroyablement inquiets.
Aila sentit la présence bienveillante d’Errys à ses côtés, ses deux mains tenant les siennes. Elle chercha à se redresser, mais, trop épuisée, elle échoua. Adrien l’entoura de ses deux bras pour l’y aider et la cala contre lui. Elle lui fut reconnaissante de sa sollicitude. Peu à peu, ses idées s’éclaircissaient. Elle ne savait pas encore à quoi elle avait échappé, mais elle comprenait que cela avait été de justesse.
— Que s’est-il passé ? questionna-t-elle.
— Nous espérions que tu nous l’expliquerais, répondit Amylis. Selon Errys, ton esprit est parti tellement loin que nous avons cru ne pas pouvoir te faire revenir. Nous n’avons cessé de te parler de tous les gens que tu connaissais et de ta vie pour te ramener vers nous. Et effectivement, tu as fini par ouvrir les yeux, mais pour repartir presque aussitôt. Le prince Adrien a finalement trouvé les ordres qu’il fallait et auxquelles tu n’as pu que te soumettre. Il t’a rappelé ton devoir de le protéger et cela a suffi. Nous sommes si heureuses de te revoir parmi nous. Mais où étais-tu donc allée ?
La voix d’Amylis trahissait tant d’anxiété qu’Aila se sentit coupable du tracas qu’elle leur avait causé.
— Je l’ignore. C’était comme si j’étais attendue ailleurs. Je ne pouvais pas les décevoir, ils avaient besoin de moi et…, Aila rougit avant de poursuivre, j’étais appréciée, aimée, vénérée… Cela me semblait si réel…
— Ce monde où tu étais désirée existe certainement.
— Un autre monde ? Pour l’instant, je ne connais que ceux des fées et des humains ? Qu’ai-je encore à découvrir ?
— Probablement un univers avec lequel tu n’as toujours pas eu de contact direct et qui souhaiterait à l’évidence que tu te ranges de leur côté…
Aila frissonna. Elle voyait bien où Amylis voulait en venir, mais elle refusait d’envisager cette hypothèse.
— Ceci ne peut pas provenir de l’Oracle ? tenta-t-elle.
— Non, en aucune façon, il ne procède pas ainsi, répondit la fée.
— Alors, un monde lié aux sorciers… ?
Les mots étaient enfin lâchés. Aila ne pouvait davantage se voiler la face et se sentit encore plus accablée. Amylis reprit :
— Si ce sont eux qui t’appellent, Aila, comme je le pressens, il va te falloir redoubler de prudence, car il est quasi impossible de résister à leurs voix enchanteresses…
Aila sentit son cœur se gonfler de chagrin.
— Mais pourquoi encore moi ? Ils ne peuvent pas, au moins une fois, choisir une autre personne pour lui pourrir la vie ! J’en ai assez, moi. Je veux rentrer chez moi !
Elle resta un instant figée, puis, se retournant, elle se blottit entre les bras d’Adrien, secouée de sanglots. Elle désirait disparaître. Elle ne souhaitait plus de pouvoirs, plus de fées, plus d’Oracles ou de sorciers ! Elle aspirait juste à être Aila ! Pourquoi la seule chose qu’elle revendiquait lui était-elle inaccessible ? Quand enfin ses larmes se calmèrent, elle se sentit vidée, mais l’esprit plus clair. Amylis l’observa, les sourcils légèrement froncés.
— Si tu désires que nous cessions de partager nos pouvoirs avec toi, nous le ferons. Tu redeviendras celle d’avant. Nous n’aspirons pas à survivre au point de te faire souffrir.
Aila se redressa et regarda fixement Amylis dans les yeux. Elle prit le temps de réfléchir à la proposition de son amie avant de lui répondre :
— Non, Amylis. Si les sorciers sont responsables des déboires qui viennent de m’arriver, ils comptent sûrement me malmener et je ne dois pas rester sans réagir ! Sans votre aide et celle d’Adrien, je ne m’en serais pas sortie. Alors, autant garder ce qui me préserve d’eux… Qu’il m’est difficile de trouver ma place quand je sais qu’il existe un Oracle dont la volonté est de me contrôler ! Pas plus que les sorciers, il ne semble me vouloir du bien, même si, de tout mon être, j’aspire à ce qu’il penche du côté d’Avotour. Vous demeurez les seules que j’aime et que je tiens pour mes vraies amies. J’ai prêté serment, je ne vous lâcherai pas et je ne reviendrai pas sur ma parole.
Elle s’inclina vers Amylis, tout émue, qu’elle prit dans ses bras. La fée ajouta :
— Nous ne t’abandonnerons pas non plus et mettrons toute notre énergie et toutes nos connaissances à ton service, je te le promets. Maintenant, le temps presse pour rentrer en Avotour. Vous devez vous reposer pour repartir demain et poursuivre votre mission. Tu vas devoir guider sire Adrien jusqu’à la sortie.
— Et il devra me soutenir, je n’ai plus de force. Comme duo de choc, on fait difficilement pire !
Il se redressa et étendit son bras vers elle. Elle s’y agrippa, les jambes flageolantes, et se stabilisa debout, accrochée fermement à son prince. Ils étaient sur le point de repartir quand Amylis rappela Aila :
— Avant ton départ, je voudrais t’offrir un présent qui ne sera pas en partage. Donne-moi ta main.
La jeune fille la lui tendit et tressaillit quand ses doigts touchèrent ceux d’Amylis.
— Que s’est-il passé ? demanda-t-elle, troublée.
— Je viens de te procurer le moyen de compartimenter ton esprit pour le protéger d’incursions étrangères. Dorénavant, personne ne pourra t’imposer quoi que ce soit sans ton accord. Tu te ménages ainsi un abri contre les esprits des autres, je te le dois bien…
Ce fut au tour d’Aila de froncer les sourcils, incertaine de ce qu’elle devait comprendre.
— Vous ne me devez rien, Amylis… Et quelle différence avec notre partage habituel ?
Étrangement, Amylis parut à la fois encore plus fragile, mais aussi plus rayonnante.
— Quand on donne, on n’a plus…
Aila s’affola.
— Mais pourquoi ? Amylis, je me serais débrouillée sans. Vous n’aviez pas à vous priver pour moi !
Épuisée, elle ne parvint pas à refouler les larmes qui montèrent à ses yeux, avant de couler sur ses joues. Mais, par les fées, voilà qu’elle se transformait en fontaine ! Elle n’allait pas passer sa vie à pleurer, quand même !
— Tu es mon amie, Aila. Tu as beaucoup donné de toi-même jusqu’à aujourd’hui et tu paies chaque jour de ta personne l’aide que tu nous apportes. Si un individu te veut du mal, il n’y arrivera pas tant que je vivrai. C’est mon choix et un honneur infini d’être celle qui te protégera de tes ennemis. Je suis la fée Esprit, ne l’oublie pas…
Amylis lui sourit avec tendresse.
— Je m’en souviendrai toujours…
Les deux visiteurs se dirigèrent d’un pas hésitant vers le portail, puis se retrouvèrent tous les deux sur le lit de l’auberge. Le prince enleva son bandeau d’un geste.
— Quel plaisir de revoir !
Aila s’allongea, elle se sentait si fatiguée… Juste avant de s’endormir, elle devina qu’il posait une couverture sur elle, récupérait et rangeait le livre des fées. Étrangement, elle songea qu’elle avait assez voyagé pour aujourd’hui…

Ce fut le chant des oiseaux qui la réveilla le lendemain matin. Mais quelle heure était-il ? Le soleil lui parut haut dans le ciel et elle se redressa sur son lit, avisant Adrien, debout devant la fenêtre.
— Sire ! Je suis confuse. J’ai dormi très tard…
— Je viens de me lever et j’ai à peine eu le temps de prendre mon petit déjeuner. Avez-vous faim ?
Elle n’hésita pas : son estomac criait famine !
— Je vais vous en commander un. Vous disposez d’un petit moment pour vous rafraîchir, je serai de retour dans un instant. À tout de suite.
Le prince sorti, elle décida de se changer. Elle quitta ce qu’elle portait, profita de la cuvette pour s’asperger d’eau. Elle frissonna sous sa fraîcheur, mais, dans le même temps, elle se sentit complètement vivante, libérée du cauchemar du jour précédent. Elle choisit sa tenue de cuir et inspira longuement son odeur avant de la revêtir. Elle lui rappelait Antan, Bonneau. Ce dernier devait être en route pour Avotour avec Barou. Deux grands héros qui allaient reconstituer une armée capable de se faire tuer pour vaincre… elle ne les envia pas. Fraîche et en pleine forme, elle sourit à Adrien quand il repassa la porte avec un plateau dans les mains.
— Sire Adrien ! Ce n’est pas à vous de me servir !
Il pivota sur lui-même.
— Ah bon ! pourtant, je ne distingue personne d’autre…
— Je suis vraiment désolée pour tous les contretemps que j’ai occasionnés…
— Vous êtes désolée ! Mais de quoi ? Est-ce que vous vous rendez compte que je pourrai raconter à mes enfants, puis à mes petits-enfants que je suis allé au pays des fées, que je les ai rencontrées, que je leur ai parlé, même si je ne les ai pas vues ? Quand je relaterai mon aventure à mes frères, ils pâliront de jalousie ! Je n’aurais échangé ma place pour rien au monde, croyez-moi ! Ce moment de pur bonheur restera gravé dans ma mémoire comme un de mes meilleurs souvenirs… Enfin, surtout une fois que vous étiez à nouveau parmi nous. Que dois-je faire, Aila, si cela se reproduit ?
— Vous avez entendu Amylis, elle m’a protégée de toute nouvelle intrusion.
— Avelin avait raison ! La vie avec vous constitue une source d’aventures quotidiennes !
— N’en riez pas trop ! Vous finirez peut-être comme moi par vous lasser de toujours figurer en première ligne.
— Je le sais, Aila. Je cherche juste à rendre tout ceci plus anodin, mais, à aucun moment, je ne minimise les souffrances que vous devez endurer…
Ils s’observèrent un long moment.
— Allez, à table !
Elle obtempéra et engloutit comme trois ! Elle avait une faim de loup.
— J’ai demandé au tavernier de nous préparer un en-cas pour ce midi. Nous pourrons manger rapidement en chemin et, ainsi, rattraper notre petit retard.

Moins d’un quart de cloche après, ils chevauchaient ensemble. La suite du voyage fut beaucoup plus tranquille que son démarrage. Aila ne ressentit pas de malaises et aucun danger aux alentours. Cependant, son esprit bouillonnait de ce qu’elle observait. En effet, la misère en Avotour n’était en rien une illusion et chaque village traversé en fournissait une preuve supplémentaire. C’était plus fort qu’elle, Aila ne pouvait s’empêcher de s’arrêter pour une raison ou une autre : soigner un enfant, un homme blessé ou des animaux, aider les récoltes à pousser, apporter le soleil ou la pluie, chasser des nuisibles. Chaque jour, les multiples haltes ralentissaient leur progression vers Niankor. Elle en était consciente, sans pouvoir abandonner ces gens à leurs ennuis, leur chagrin ou leur souffrance. Jetant périodiquement des coups d’œil à Adrien, elle craignait qu’il explosât, comme Hubert, de tous ses tours et détours. Stoïque, le prince ne bronchait pas, se contentant d’attendre qu’elle eût fini sa tâche pour repartir ou se proposant même de l’aider quand il s’en sentait capable. Bientôt, ils s’arrêtèrent systématiquement dans les villages qu’ils traversaient. Mais était-ce le hasard ? Petit à petit, ils dévièrent du chemin le plus court vers Niankor et, ce soir-là, leurs pas les menèrent dans la ville de Partour, ville principale du comté du même nom. Ils y logèrent dans une auberge du centre-ville et s’installèrent dans la salle commune pour y dîner, écoutant distraitement les discussions voisines. Vers le milieu du repas, un individu, portant un chapeau excentrique, entra en fanfare et s’assit avec ses acolytes à la table adjacente, tandis que l’aubergiste s’empressait de les accueillir et de les servir aux dépens d’autres clients déjà attablés. L’homme chapeauté, au verbe haut, forçait sa voix, s’esclaffant de tout et de rien avec ses compagnons, sans craindre de déranger ses voisins, bien au contraire.
— Trinquons, mes chers amis ! À la santé de ce bon à rien de roi et de ses gringalets de fils qui ne valent guère mieux ! s’exclama-t-il, pour que tout le monde l’entendît dans la pièce.
Aila sentit Adrien se raidir et posa tranquillement sa main sur la sienne, retenant un éventuel geste impulsif. Il la regarda. Elle lui sourit et lui murmura :
— Quoiqu’il se passe, laissez-moi faire, je vous prie.
Elle devina le combat intérieur qu’il livrait ; la mobilité de ses traits montrait à quel point entendre parler ainsi de son père et de ses frères lui en coûtait, puis il finit par soupirer, visiblement à contrecœur bien qu’elle sentît la tension qui l’étreignait.
— Allez, mes amis ! poursuivit le braillard. À quoi allons-nous trinquer maintenant ? À tous ceux qui crèvent parce qu’au château d’Avotour, ils s’en foutent ! Paraît qu’ils ont besoin d’hommes pour se battre ! Quelle ironie ! Tout ce qu’ils souhaitent, ce sont des bêtes de somme qui courront au massacre à leur place ! Mais nous, on n’est pas tombés de la dernière pluie… On n’ira pas se faire trucider pour leurs beaux yeux ! Qu’ils crèvent ! Nous, on crève déjà !
Les murmures autour de leur table s’amplifiaient. Beaucoup d’hommes semblaient se rallier à cette opinion et hochaient la tête avec ardeur, y ajoutant parfois une petite réplique de leur cru.
Aila décida qu’il était temps d’intervenir et se leva. Arrivée devant la troupe de mauvais sires, elle poussa les chopes d’un ample revers du bras et s’assit sur la table avec décontraction, juste devant ce grand parleur, saisissant une pomme au passage. Sans quitter des yeux le lascar, temporairement muet, elle croqua dedans avec impertinence. Un sourire lubrique s’afficha sur le visage du bougre.
— Alors, ma jolie donzelle ! Qu’attends-tu pour venir te faire peloter sur mes genoux ? proposa-t-il, j’ai de quoi te faire passer un moment drôlement excitant…
Il cligna grossièrement de l’œil, puis rit grassement, imité par ses invités. « Quelle belle brochette d’idiots ! », pensa Aila. Idiot, peut-être, mais elle considéra l’homme qui lui faisait face comme potentiellement dangereux.
— Monseigneur, vous me semblez très renseigné sur les événements d’Avotour. Et moi, j’adore les hommes importants…
— Fichtre ! Bien sûr que je suis un homme important, de la plus haute importance même ! Et le roi me lèche les bottes quand il a besoin de moi, ricana-t-il.
— Comme c’est bizarre… ! Nous ne devons pas fréquenter les mêmes endroits, car je ne vous y ai jamais rencontré là-bas. Il est vrai que je vais rarement en cuisine ou chez les serviteurs…
Le sourire de l’homme disparut subitement.
— Ma mignonne, si tu n’es pas là pour écarter tes jolies cuisses, tu as intérêt à dégager tes fesses vite fait, sinon mes amis se chargeront de toi.
— Quoi ! Quatre forces de la nature contre une faible fille ! Comme vous êtes terriblement déloyal ! En plus, vous voudriez qu’ils me fassent quoi, vos petits chétifs ? Surtout que, si j’en juge par votre fatuité, vous parlez beaucoup, mais quant à vous salir les mains…
Agacé, le lascar lança un signe à ses compagnons, mais Aila en rassit un avec vigueur telle que cela refroidit immédiatement l’empressement des autres à venir se confronter à elle.


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