➆ Un Éternel Recommencement | Roman de FANTASY | La saga d'Aila de C. Boullery

Un Éternel Recommencement, tome 7 de la saga de fantasy de Catherine Boullery
La saga d'Aila  fantasy


fantasy

Note : 4.6 / 5 avec 283  critiques

Le début de l'histoire

Résumé du tome 6 - Une Vie, voire Deux

Quand le gardien de la porte des temps sonne l’alerte, Kerryen, roi du Guerek, débarque avec ses soldats pour découvrir un être recroquevillé sur lui-même, une femme, dont il se désintéresse aussitôt, au grand désarroi de sa tante, Inou, qui l’a élevé à la mort de sa mère. Désespérée par l’attitude de son neveu, celle-ci choisit un garde, Amaury, pour l’aider à s’occuper de cette invitée inattendue dont la peau porte de nombreuses meurtrissures.
Préoccupé par le désir de conquête d’un empereur noir qui descend du nord, Kerryen écrit aux souverains des pays voisins avec lesquels il devrait s’unir pour contrer la menace : Pagok du Pergun, Péredur du Kerdal, Eddar de l’Entik, Gardj de Brucie. Il rejette toutes les affirmations d’Inou sur l’importance de cette femme dans ce futur combat.
Bien décidée à prouver à Kerryen son erreur de jugement, Inou entreprend de réveiller sa protégée de son actuelle léthargie. Malheureusement, si de légers réflexes semblent réapparaître, l’esprit de celle-ci demeure absent. Pourtant, elle échappe une première fois à la vigilance d’Amaury qui la retrouve en tête à tête avec l’infernal étalon du roi, Ardan, puis à Inou. Alors, une nuit, elle retourne prendre un kenda d’Avotour fixé sur un mur, puis refuse de s’en séparer.

◎ ◎ ◎

Sous l’impulsion d’Inou, Amaury choisit de l’emmener en ville. Profitant de l’aide de Mira, l’assistante d’Inou, il troque la tenue de la femme pour une autre plus masculine. Cependant, énervé par son manque de réactivité, il tente de lui arracher son bâton. Aussitôt, elle le met à terre. Surpris sur le moment, le garde décide de développer cette ébauche d’autonomie.
Rendant visite à son neveu, Inou découvre dans un courrier que Kerryen a vendu leur invitée pour appâter Eddar. Furieuse, elle part immédiatement chez Mukin, le sage, en compagnie d’Amaury et de sa protégée, confiant à celle-ci comme une ultime vengeance, Ardan.
Mukin s’intéresse à la femme qu’il baptise Ellah en raison de la légende d’Ellah Leiring. La nuit venue, certain qu’elle renaît grâce à l’affection de ceux qui l’entourent, il partage son esprit avec elle, puis entraîne ses compagnons dans la montagne. Devant leurs yeux, un lien inédit se crée entre Ellah et un énorme chien blanc sauvage. Face à tous les bouleversements de sa vie, Inou résiste difficilement. Au matin, le groupe s’ébranle pour rejoindre la maison de Béa, la plus ancienne amie d’Inou. De là, ils décident une visite chez Tournel pour obtenir de lui d’éventuels renseignements sur le fonctionnement de la porte.

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Quand un messager leur apprend que la menace est arrivée à proximité de leurs frontières, ils reviennent chez Béa pour y découvrir Kerryen, accompagné de sa demi-sœur, Adélie. Celui-ci en profite pour reprendre Ardan au grand désespoir de la femme, puis identifie entre ses mains un kenda de sa collection. Après un affrontement bref, Ellah défait le garde chargé de le récupérer, puis le confie à Amaury qui le rend à son roi. Alors que Kerryen s’apprête à repartir avec son arme, Ellah la rappelle à elle. Puisqu’elle souhaite la conserver, le souverain lui ordonne d’intégrer sa garnison. Tournel qui a assisté de loin à l’altercation offre à Ellah la traduction d’un précieux parchemin à propos de la porte.
Revenue à Orkys, alors qu’elle surveille la cour remplie de futurs combats, ouvriers, artisans ou paysans, Ellah remarque un jeune garçon qui veut s’enrôler, Raustic. Réalisant que tous ces hommes vont mourir pour rien, elle débarque dans le bureau de Kerryen pour lui suggérer mettre à profit les talents de chacun et, ainsi, éviter leur disparition inutile, mais celui-ci la chasse sans même l’écouter. En dernier recours, elle sollicite l’aide Mukin pour amener le roi à reconnaître la pertinence de ses idées.
Pour avoir désobéi au chef des gardes, Ellah est emprisonnée avec Raustic. Le lendemain matin, quand Kerryen l’apprend, il fait aussitôt libérer les deux captifs. Alors qu’Ellah retourne dans la cour, Amaury la rejoint et lui transmet un message de Mukin. Au même instant, son esprit discerne une grave explosion et, incapable de résister, emprunte Ardan une nouvelle fois. Après avoir prévenu Inou, Amaury se précipite pour la seconder. Croisant sa tante et Béa, Kerryen, frappé par leur attitude comploteuse, se décide à les précéder et se rend chez Mukin par un autre chemin.
Parvenu chez Mukin, le souverain accompagne Ellah et Amaury pour dégager un accès vers la salle effondrée dans laquelle gît le corps du sage. Sans bien savoir comment, Ellah le sauve. Dans le fond de la maison, une étrange ouverture mène par un escalier vers quelques geôles. Dans l’armoire d’une pièce adjacente, elle tombe sur quatre livres dont le premier, un carnet, possède un titre qui la surprend : « Les Portes d’Antan ». En raison de la présence du roi derrière elle, elle ne peut les consulter, mais arrive à subtiliser ce dernier. Alors que Mukin explique les raisons de l’explosion, des expériences sur une substance noire rapportée de ses lointains voyages, Kerryen y voit immédiatement une extraordinaire opportunité pour repousser leurs ennemis.
Malgré ses efforts pour exister, Ellah peine à retrouver ses marques dans ce monde qu’elle redécouvre, de plus en plus sensible à son absence de passé, à son corps meurtri et à son incapacité à envisager un futur, sans parler des informations qui surgissent dans son esprit sans contrôle. Dans la garnison, son intégration dérange et les coups tordus se multiplient.

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Au grand désarroi de Kerryen, Allora rejoint Orkys et se révèle d’une aide précieuse dans la planification des défenses du Guerek, tandis que le souverain précise pièges et innovations. Puis, au cours d’un combat dans la cour de la forteresse contre Mukin, Ellah démontre son exceptionnel potentiel, sous le regard admiratif d’Adélie. Observateur lointain, Kerryen la déteste encore plus.
Lors d’une visite à Adélie, la jeune fille parle à Ellah de la magie, mais cette dernière ne sait comment réagir, surtout qu’elle ne maîtrise rien, ni les souvenirs étranges qui reviennent à elle sans choix conscient ni les picotements qu’elle ressent dans les doigts. Préoccupée par son propre sort, elle ne cherche pas à approfondir les mystères qu’elle perçoit dans les propos d’Adélie. Pendant la nuit, elle se rend au col de Brume pour rencontrer Tournel. Une fois, là-bas, l’homme lui explique que le livret qu’elle détient comporte plusieurs langages et qu’il a constaté l’insuffisance de ses connaissances pour le traduire. Cependant, il lui transmet l’original d’un parchemin qu’elle arrive à lire. Son contenu renforce sa décision de retourner à la porte.
Blessée dans un accident, Allora est ramenée au château. Énervée par l’insensibilité de son neveu, Inou reproche vertement à celui-ci sa muflerie. Hanté par les paroles de sa tante, le roi demande Allora en mariage.

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Quand Ellah et Amaury atteignent le col, ils apprennent que Kerryen et son escorte sont partis un peu plus tôt vers le Pergun. Alors que les images se précipitent dans la tête de la combattante, celle-ci comprend que l’empereur a envoyé quelques éclaireurs qui ne feront qu’une bouchée de la troupe. Saisissant l’imminence de la menace, elle délègue à Amaury le soin d’aller prévenir la forteresse et dévale la pente. Si elle n’arrive pas à temps pour sauver les gardes, elle se bat aux côtés de Kerryen, soutenue par son chien blanc et l’étalon, puis se débarrasse de l’ultime soldat de Tancral. Dévastée d’avoir tué deux hommes, elle se maudit et ne résiste qu’en raison de la présence de ses animaux, comme de son kenda.
Au pied des fortifications, elle quitte Kerryen pour étudier le marais, puis lui apprend un peu plus tard que leurs ennemis attaqueront le lendemain et que, comme elle, les assaillants voient la nuit. De nouveau à Orkys, elle rejoint la porte qui lui ouvre une petite part de son mystère. Quand Ellah se réveille après un étrange voyage, elle comprend qu’elle ne la franchira plus jamais, refusant de revivre une nouvelle fois une telle épreuve. Alors qu’elle revient, se méprenant sur ses intentions, Amaury l’embrasse et lui propose de l’épouser pour l’empêcher de partir avant de s’apercevoir de l’excès de son comportement. Ellah lui demande de garder son chien, puis retourne au col.
Quand la marée humaine annoncée par Ellah devient visible, Béa, pressée par le temps, déclare sa flamme à Tournel.
Alors que quelques heures précèdent encore l’attaque, le regard d’Ellah erre sur le marais ; elle a oublié l’essentiel. Avec trois compagnons, Raustic, Greck et Jiffeu, elle y descend pour y installer un dernier piège.
Alors que la confrontation avec leurs ennemis débute, un souvenir surgit dans l’esprit d’Ellah. Abattant deux soldats, relais de Césarus, le combat cesse. Ellah sauve Mukin une seconde fois, puis découvre un instant plus tard la mort de son chien qui s’est échappé de la forteresse. Ébranlée par cette perte, elle s’engage dans une mission suicide avant que Césarus ne reprenne la main sur ses guerriers. Accompagnée de Kerryen, elle repart devant la muraille pour faire exploser les barils de poudre. Si le roi retourne derrière la protection temporaire des remparts, Ellah renonce à y rentrer. Cependant, un clapotis étrange la surprend : les hommes de l’empereur traversent le marais. Et une idée jaillit dans sa tête. Bientôt, grâce aux tirs enflammés des archers de Kerryen unis au sien, la totalité de la tourbière s’embrase, brûlant vifs tous les soldats présents. L’armée de Césarus est détournée ; le Guerek a triomphé.
Sans son chien, Ellah ne souhaite plus vivre. Décidant de rendre son kenda à Kerryen, elle rejoint celui-ci dans son bureau et, à la suite d’une discussion animée, escalade la balustrade qui domine la mer Eimée, déterminée à se jeter dans le vide. Mais Kerryen l’empêche de sauter et la ramène dans sa chambre. Ils finissent la nuit ensemble avant de se souvenir que le roi est engagé avec Allora. Pour cet homme, Ellah se donne un sursis, mais, elle n’a pas changé d’avis, la mort l’attend.


Début du tome 7 - Un Éternel Recommencement

Quand Allora de Srill, auprès de qui il s’était engagé, l’a relevé de sa promesse, Kerryen a épousé Ellah. De leur union est née une petite fille, Amylis, et la famille vit heureuse dans la forteresse d’Orkys, capitale du Guerek ou presque… En effet, de son actuelle histoire, Ellah a conservé une grande vulnérabilité à laquelle elle résiste grâce à la présence de Kerryen et de son bébé. Sur le point de fêter le premier anniversaire de la victoire sur Césarus, le château se prépare à accueillir des visiteurs, des proches comme des curieux. De façon contradictoire, Allora annonce son départ du Guerek à Ellah, lui expliquant qu’elle a renoncé à Kerryen, alors qu’elle l’aimait, en raison des sentiments qu’elle avait devinés entre eux.

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De son côté, Adélie qui n’a jamais cessé de vouer à la porte une vénération, ce matin-là, se rend devant elle, bercée par une magie conciliante. Parallèlement à un bruit sourd extérieur, un changement d’éclairage la dérange, puis trois silhouettes se dessinent dans la lumière. Les nouveaux arrivants, Pardon et ses enfants, espérant tomber sur Aila, sont déstabilisés par cet accueil imprévu associé à la différence de langage que Tristan ne parvient pas à corriger. La cloche d’alerte sonnée, Kerryen débarque l’épée au poing, bientôt suivi d’Ellah et d’Amaury. Reconnue par les visiteurs, la reine se décompose, tandis que Pardon ne désire plus que repasser la porte pour mettre fin au cauchemar de voir sa femme avec un autre homme.

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Dans une pièce plus confortable d’Orkys, la discussion entre les nouveaux venus et Ellah ne se révèle pas pour autant plus facile, principalement en raison du silence de Pardon, dévasté, et celui habituel de Tristan. Ellah leur apprend qu’elle est arrivée presque deux ans plus tôt elle ne se souvient plus de rien. Par politesse, elle les invite cependant à rester aussi longtemps qu’ils le souhaitent. Alors que Pardon désire uniquement fuir cet endroit, Naaly obtient un délai pour renouer avec sa mère. Montant dans les étages, elle la retrouve dans sa chambre et se découvre une petite sœur, Amy ou plutôt Amylis.

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Pendant ce temps, perturbé par les propos échangés, Tristan se promène dans la forteresse, se posant des questions auxquelles personne d’autre que lui ne semble songer. Où sont-ils et quand ? Avant de rejoindre son père, Naaly redescend dans les sous-sols et observe quelques mouvements de troupes souterrains. Le trio réuni, ses membres envisagent de repasser la porte, mais Ellah les invite à fêter avec eux le premier anniversaire de la victoire du Guerek, permettant du même coup à Tristan d’associer les pièces ; il comprend qu’ils ont atterri dans la forteresse du Guerek qu’ils ont connue en ruines, le jour même où celle-ci a été attaquée. Pressé par l’urgence, grâce au retour d’un léger contrôle de la magie, il parvient à partager les pensées, contournant la barrière de la langue. Ainsi, Kerryen apprend que sa cité sera totalement détruite et que son roi finira les os brisés. Cependant, Tristan leur explique que le passé précédent peut avoir été modifié par la venue d’Ellah et, que le déroulement des événements actuels peut différer du premier. Au même moment, Naaly parle des mouvements observés dans les sous-sols et l’alerte est donnée : le château est attaqué par l’intérieur, mais aussi par l’extérieur. Pardon et Naaly accompagnent Kerryen pour défendre le lieu, tandis qu’Ellah met Amy à l’abri. Quand Inou réalise l’absence d’Adélie, Tristan se propose de partir la rechercher. Sa fille en sécurité, la reine rejoint les combattants dans la cour. Malheureusement, la forteresse apparaît perdue. Organisant la fuite du personnel par le souterrain, les yeux d’Adélie se posent sur Pardon qui a généré chez elle des sentiments inédits, pendant que ce dernier, définitivement éprouvé, découvre le bébé du couple. Alors qu’ils atteignent la salle de la porte, Kerryen annonce à Ellah qu’elle doit suivre son ancienne famille en raison du pacte qui l’oblige à respecter un vœu unique de sa part. Malgré sa colère, elle ne peut refuser et, sa fille dans le bras, passe les ondes avec Pardon et ses enfants. Dès cet instant, Kerryen ordonne à ses hommes de la détruire.

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Parcourez les coups de cœur de mes premiers lecteurs

Client Amazon, Impatiente de lire la suite. Même si un peu « noir »

Impatiente de lire la suite, même si un peu « noir ». Pourvu qu'elle s'en sorte bien ainsi que sa famille

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Alexandre Mecalac, Différent… Mais que du plaisir !

De la noirceur !?… Moi, j'y ai vu beaucoup de verdure…😁
Une fin… Haletante, je n'ai repris mon souffle qu'à la dernière page… Avec toujours ce même résultat, La Suite !!!!
Toutes les émotions y passent, de la frustration, de la colère, de la peur, de l'amour… Que ça soit pour nos héros ou pour nous lecteurs…
Un volume différent… Décidément, rien ne sera épargné à notre héroïne. Comment tout cela va-t-il finir, tellement de possibilités…
En résumé, c'est toujours aussi bon et on en redemande.
Merci Catherine !!

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Nicole, Déroutant, mais haletant !

J'ai été un peu déstabilisée dans ce septième volet de la Saga d'Aila, mais on apprend bien des choses aussi sur les personnages de sa famille qu'elle a oubliés et on attend la suite avec toujours autant d'impatience !!!
L'auteur a encore de quoi nous surprendre et nous captiver !
On attend le Tome VIII maintenant !!!

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flo svt, suspense et émotion

Ce volume nous entraîne dans un monde parallèle où notre héroïne et sa famille doivent s'entraider pour progresser. Finalement, c'est un peu comme un escape game dans son fauteuil ! J'ai dévoré… et je conseille vivement.

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isa, Une course effrénée…

Comme un escape game avec des possibilités incroyables, des vies parallèles, des choix où chacun doit décider de ce qu'il sera ou seront ses compagnons…
Ce roman est à mon sens une analyse des sentiments et des réactions possibles, un voyage dans l'humain et dans ses débats intérieurs.
J'attends donc le tome 8 !!!

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L'auteure Catherine Boullery Blog de fantasy Univers de fantasy Aila, l'héroïne Interviews Communauté d'Aila Salons du livre Coups de cœur des lecteurs Avis des lecteurs Je déclare ma flamme Pourquoi écrire Auteurs de fantasy Liens de fantasy Ramdam Photos d'ambiance Photos de papillons Piratage Campagne de financement Remerciements Supportez la romancière… Téléchargez, achetez… Tout sur l'auteure de fantasy


Extrait gratuit d'un des livres de la saga d'Aila offert par Catherine Boullery, auteure de fantasy (autres passages sur Amazon). Excellente lecture ;)

Aila se réveilla nauséeuse, comme le matin de son départ d’Escarfe pour Antan, mais en pire. L’estomac au bord des lèvres, elle se redressa avec difficulté, tentant de contrôler le battement accéléré de son cœur et les contractions de son ventre. Elle ne ressentait aucune douleur particulière, juste un malaise général qui faisait tanguer la pièce devant ses yeux. Un coup discret frappé à sa porte, puis Élina entra avec un plateau.
— Bonjour, dame Aila. J’espère que vous avez bien dormi. Voici votre petit déjeuner, souhaitez-vous autre chose ?
Incapable de parler, elle se contenta de hocher la tête négativement.
— Je vous rappelle que j’ai rangé vos affaires dans l’armoire. Sire Avelin m’a chargée de vous transmettre qu’il comptait sur vous ce matin pour une petite leçon de kenda. Il viendra vous chercher après la deuxième cloche. Bonne journée, dame Aila.
La jeune fille eut envie de lui dire d’arrêter de lui donner de la « dame Aila » à tout bout de champ. D’abord, elle n’était pas une dame, mais une combattante ! Cependant, elle n’ouvrit pas la bouche et se précipita vers sa cuvette pour vomir dès qu’Élina eut franchi la porte dans l’autre sens. Aila resta accroupie un long moment avant de se ressaisir, tandis que la nausée s’effaçait peu à peu. Ses forces revenues, elle s’habilla, s’assit devant le plateau, puis attaqua les œufs, les fruits et le gruau de son petit déjeuner qui ne ressemblait pas à celui de Bonneau à Antan… Elle détailla sa chambre autour d’elle. Depuis son enfance, elle, qui avait vécu dans une seule et unique pièce minuscule, son lit caché derrière un paravent, se retrouvait dans un endroit immense, tout à elle, dans le château royal ! C’était à ne pas en croire ses yeux… Dans le même temps, elle ne sut pas si elle devait se réjouir ou regretter sa vie d’antan, et, le mot l’amusa, sa vie à Antan… Elle n’avait jamais été habituée à se faire servir. En tant que promise d’Hubert, elle avait joué le jeu à Escarfe parce qu’elle n’avait guère le choix, mais ici, elle avait pensé qu’elle occuperait un dortoir, peut-être réservé à son groupe ou tout simplement au milieu des soldats… Est-ce que cette nouvelle façon de vivre ne rendrait pas plus difficile le retour vers des missions pluvieuses et froides comme celle d’hier ? S’habituer au confort et oublier le monde dehors paraissaient si facile…
Elle se secoua. Avelin allait bientôt venir la chercher et elle n’avait pas fini de se préparer. Élina lui avait dit que ses vêtements étaient pendus dans l’armoire, elle s’y dirigea tout en pliant l’uniforme qu’elle avait revêtu pour sa rencontre avec le roi. Elle y retrouva ses affaires habituelles qu’elle enfila avec plaisir. Sa tenue de cuir n’avait pas encore été rangée, mais elle ne douta pas qu’Élina l’y remettrait dans la journée. Elle saisit son kenda, profita de la sensualité infinie de son contact, puis sortit. Elle n’avait pas envie d’attendre Avelin et, croisant un serviteur, elle lui demanda comment se rendre au manège avant de l’envoyer prévenir le prince qu’elle s’y trouverait.

C’était la première fois qu’Aila se promenait seule dans les couloirs. L’ambiance, sombre et austère, reflétait exactement l’extérieur du château : peu de tentures, des corridors rectilignes et vides. Parvenue à l’escalier lugubre qui descendait vers le rez-de-chaussée, elle s’arrêta net. En face d’elle, un immense tableau représentait la famille royale. Elle y reconnut Avelin et Sérain. Cependant, son regard fut irrésistiblement attiré par la femme, debout à côté du roi, une femme à la beauté saisissante : presque aussi grande que son mari, une allure élancée et de longs cheveux noirs, ramenés sur son épaule gauche. La pose qu’elle avait prise dévoilait son élégance naturelle. Elle se tenait droite et fière, comme défiant le monde de ses yeux bleus aux pupilles sombres et dilatées. Voici d’où provenait la couleur des yeux d’Hubert… Serrée dans ses bras, une petite fille à l’air mutin et à la chevelure tout aussi brune que celle de sa mère semblait se moquer du peintre… À leur côté, le roi, à qui Aila avait pourtant trouvé la veille au soir tant de prestance, et ses trois fils faisaient pâle figure. On les oubliait presque devant l’énergie que dégageaient la femme et son enfant…
— Elles étaient belles, n’est-ce pas ?
Aila reconnut la voix d’Avelin.
— Plus que cela encore…
Seules d’autres phrases creuses lui vinrent à l’esprit pour commenter ce qu’elle ressentait, alors elle préféra se taire. Elle se doutait que la perte de sa mère et de sa petite sœur avait créé un gouffre de peine dans le cœur du prince. Il reprit la parole :
— J’ai toujours pensé qu’elle avait choisi de se sacrifier pour père, mais je n’ai jamais compris pourquoi elle avait entraîné Audéi avec elle. Elle aurait dû être capable d’empêcher sa mort…
— Je vous trouve bien dur envers elle, Avelin. Croyez-moi, quelques dons que vous puissiez posséder, ils ne vous rendent en aucun cas infaillible… Elle n’a sûrement pas décidé la disparition de sa petite fille qu’elle chérissait. Elle n’a juste pas réussi à l’éviter…
— Elle aurait dû ! s’écria-t-il.
Il en voulait à sa mère et vibrait d’une colère si grande qu’il avait du mal à en parler. Aila sentit cette dernière prête à exploser. Avelin devait la contenir depuis si longtemps… :
— Oui, elle aurait dû, mais elle n’y est pas arrivée parce qu’elle n’était qu’une femme, parce qu’elle n’a eu qu’une fraction de seconde pour se décider. Combien de mauvaises décisions avez-vous déjà prises en un si court laps de temps ? Et ne me dites pas aucune, je ne vous croirais pas…
Avelin rougit. Aila continua doucement :
— Vous devez apprendre à lui pardonner. D’abord, d’être partie en vous laissant, car elle n’a pas su sauver votre père sans mourir à sa place. Ensuite, d’avoir entraîné dans sa mort votre petite sœur que vous adoriez. Je me doute de ce que votre mère représentait pour vous. Elle était l’arbre auprès duquel vous vous réfugiez. Elle vous guidait pour trouver les bons chemins ou les réponses adaptées sans jamais commettre d’erreurs. Elle était tellement efficiente que vous avez cessé de croire qu’elle pouvait se tromper. Et pourtant, elle n’était pas différente de vous, ce n’était qu’un être humain, ne l’oubliez pas.
Il ne la regardait plus et fixait le tableau, les mâchoires serrées, les yeux toujours pleins de colère, mais cette fois-ci voilés par le chagrin infini qui émergeait enfin de son cœur dans lequel il l’avait trop longtemps emprisonné.
— Venez, Avelin. Les entraînements au kenda constituent d’excellents refuges contre la fureur et la tristesse. J’en parle en connaissance de cause, car je les ai testés bien souvent…
Le prince ne bougea pas.
— Savez-vous pourquoi j’ai tout mis en œuvre pour que vous soyez sélectionnée ? Parce que votre façon de me dévisager dénotait cette même alternance de cran et d’impétuosité que je lisais dans les yeux d’Audéi, avec juste un peu moins de joie de vivre que chez elle. Il est vrai que vous n’avez pas connu la même enfance, à moins que la gravité ne vienne avec les années…
— Pourtant, Avelin, nous étions différentes. À son âge, j’étais murée dans un silence sans fin. Je doute qu’à l’époque vous ayez trouvé sur mon visage la moindre trace d’exubérance. En revanche, déjà une certaine détermination, c’est possible…
Il l’écoutait avec attention.
— La vie ne vous a fait aucun cadeau, n’est-ce pas ?
— Je ne veux pas m’en plaindre. Elle aurait pu être pire si je n’avais pas été aimée du tout… J’ai souffert, et je souffre encore du rejet de la part de celui qui aurait dû être mon père, mais je commence à prendre mes distances et à accepter de vivre malgré son absence à la fois physique et affective. C’est d’autant moins facile, qu’après la famille royale, il est l’homme le plus respecté d’Avotour ! C’est comme ça…
— Si Audéi avait eu la chance de grandir, j’aurais aimé qu’elle vous ressemble.
— Voyons, Avelin, restez sérieux ! Vous vous figurez votre sœur, une princesse, qui arriverait, dégoulinante de pluie, pas lavée depuis une semaine et avec le sang de ses semblables sur les mains ! Vous et moi ne partageons pas tout à fait la même conception de l’attitude et du rôle d’une altesse !
Il sourit, les nuages de sa tristesse s’étaient envolés.
— Bon, je dois l’admettre. Vu ainsi, Audéi n’aurait pas ressemblé à l’image que j’imaginais. Mais, après tout, dans ce monde qui change, je suis certain qu’une princesse guerrière y trouverait sa place ! Allez, au manège, maintenant ! Je dois absolument tous les surpasser avant qu’ils ne reviennent au château ! Et surtout Hubert ! Pas question que je le laisse devenir meilleur que moi ! À ce propos, vous ne m’avez pas expliqué comment s’était passée votre cohabitation…
Descendant les escaliers, ils conversaient tout en se dirigeant vers le manège.
— Je vous ai remplacé auprès de lui. Voyager avec un Avelin bis a dû le ravir !
— Quand même, vous ne lui avez pas fait cela ?
— Je crois bien que si !
— Par les fées, je connais mon frère, il a dû vous maudire !
— Je pense qu’au début il s’y est employé, mais à sa décharge, ayant mutuellement accepté des concessions, j’avouerais que la fin de notre mission se révéla nettement plus simple et agréable.
Avelin s’arrêta en lui saisissant le bras :
— Vous venez bien de me dire qu’il avait consenti des efforts pour se montrer plus gentil avec vous.
— Oui, c’est tout à fait cela.
— Vous parlez bien de mon frère Hubert ?
— Oui, mais…
— Si je suis imprévisible, Hubert se montre intraitable. Il doit vous avoir sérieusement à la bonne pour avoir accordé de telles concessions et, en plus, à une femme !
Elle prit un air sévère et fronça les sourcils :
— Un souci avec les femmes ?
— Aucun, excepté que l’héritier du roi ne devrait pas refuser d’entendre parler mariage ! Avant le décès de mère, une négociation se déroulait avec la fille du châtelain de Cordor, puis, pfff ! plus de promise, plus de mariage ! Je crains qu’il reste célibataire et ne finisse par céder son trône à Adrien !
— Cela ne le dérangerait pas ?
— Pauvre Hubert… À sa décharge, je dirais qu’il baigne dans les affaires d’État depuis qu’il a poussé son premier cri. Je me demande parfois si la coupe ne déborde pas. De plus, à la mort de mère, Hubert a tout supporté en attendant que père surmonte son désespoir. Cela n’a pas été si facile pour lui. À l’époque, il venait de célébrer ses vingt et un ans.
— Vingt et un ! Mais votre mère est décédée il y a seulement deux ans et demi et…
Ce fut à son tour de s’arrêter, troublée. Il reprit :
— Comme je vous le disais, Hubert a dû grandir très vite et les responsabilités ont attiré sur son visage la trace des années. Un fardeau trop lourd à porter vous vieillit un homme prématurément. En vrai, il va sur ses vingt-quatre ans. Il y a six mois, en s’y mettant à deux avec Adrien, on a réussi à le griser à son insu. Nous avons passé la soirée à boire et à rigoler comme des fous ! Ce n’était plus le même, je vous l’assure ! Les soucis oubliés, ce sont dix ans de moins affichés ! Par contre, le lendemain, comme il avait de nombreux engagements à tenir, il est parti avec une affreuse gueule de bois et il nous en a voulu à mort !
— Connaissant sire Hubert, je suppose qu’il vous l’a fait payer au centuple…
— Tout à fait, mais pas comme vous pourriez l’imaginer : il nous a privés de sa confiance pendant un mois. Plus personne ne devait partager d’informations avec nous, il nous déniait le droit de participer aux réunions et nous étions interdits de missions… L’horreur ! Père, aussi mécontent que lui, l’a laissé nous punir à sa guise. Je sais qu’Hubert donne parfois une impression de vrai bonnet de nuit, mais il est courageux, fiable et je le respecte profondément, même si j’adore lui casser les pieds. Il le sait et c’est pour cette raison qu’il me passe mes fredaines. Alors, perdre sa confiance a été la pire punition qu’il pouvait m’infliger… Je crois qu’Adrien et moi ne nous ferons plus prendre ! souligna-t-il d’un petit rire.
Adrien d’Avotour… Aila s’aperçut que, fascinée par Éthel et Audéi, elle n’avait pas prêté attention au troisième frère de la famille royale. Tant pis, elle satisferait sa curiosité plus tard ! Ils étaient arrivés au manège et elle devint instructrice.
— Commençons par une vérification préliminaire. Allez, Avelin, montrez-moi vos souvenirs des deux premiers cours…
Il eut la tentation de protester, mais il renonça en croisant le regard d’Aila. Alors, il se mit péniblement à enchaîner des pas et des battements de kenda presque au hasard. Petit à petit, sentant le lien se renforcer avec son arme, il prit plus d’assurance. Concentrée, Aila ne le quittait pas des yeux. D’un geste de la tête, elle l’encouragea à continuer et le prince recommença l’enchaînement depuis le début, gagnant cette fois en rapidité d’exécution. La jeune fille acquiesça d’un hochement de tête appréciateur.
— Bien ! Je suis très impressionnée. Le lien entre votre kenda et vous se fortifie avec le temps et, à l’évidence, il vous guide. Je vais réaliser un petit test en vous attaquant avec des assauts simples, histoire de voir comment vous réagissez.
— Simples ! supplia-t-il.
Elle lui sourit avant de se mettre en position ; elle débuta par une attaque sur son flanc gauche. Avelin hésita, mais trouva une parade dans un mouvement peu fluide, mais efficace. Elle recommença sur le côté droit et là, il échoua, enfonçant son kenda dans le sol. Elle poursuivit avec un assaut à hauteur de la tête contre lequel il déclencha les réflexes appropriés, mais il s’emmêla à nouveau quand elle attaqua au niveau des pieds et de l’estomac.
— Dressons un rapide bilan avant d’enchaîner, dit-elle. Un corps humain est une entité complexe. Notre champ de vision limité nous empêche de regarder à la fois à droite et à gauche, en haut et en bas et nous ne disposons pas d’yeux derrière le dos. Nous devons donc apprendre à nous servir différemment de ces derniers : ils ne sont plus seulement là pour voir ce qui est, ils doivent apprendre à voir ce qui sera, c’est-à-dire à anticiper le mouvement qui va arriver. Rien qu’en prêtant attention à votre adversaire, vous devenez capable de repérer le léger décalage qui signale une attaque vers une partie ou une autre de votre corps. Je vous propose de travailler dessus aujourd’hui. Avelin, ce n’est pas le kenda que devez suivre avec votre regard, mais ma pensée. Mes yeux indiquent ce que je veux toucher, enfin, pour la plupart des combattants… Pour l’instant, vous allez seulement m’observer avec l’objectif de comprendre le lien entre l’orientation de mes yeux et la façon dont j’attaque. Au début, ne vous défendez pas. Ne cherchez qu’à analyser comment j’agis. Puis, quand vous vous en sentirez prêt, parez et ripostez si vous le désirez.
Connaissant la difficulté de l’exercice qu’elle lui proposait, Aila accentua la préméditation de ses assauts, lui permettant de saisir ce qu’elle attendait de lui. Elle doublait le tout de commentaires pour l’aider à mieux gérer ses perceptions. Puis elle se montra plus discrète dans ses choix d’attaque et le prince dut affiner ses déductions. À la fin de la leçon, elle lui présenta un enchaînement compliqué.
— Pour l’instant, vous ne devez pas le reproduire, juste vous en imprégner, comprendre son rythme, sa finalité, l’essence même de sa raison d’être…
Fidèle à elle-même, Aila ne fut plus que légèreté sous le regard ébahi d’Avelin. Il avait encore du chemin à parcourir pour en arriver à cette fluidité du mouvement, mais cela ne le découragea pas pour autant.
— Allons nous changer avant de nous retrouver à table pour le déjeuner, enchaîna le prince. Après manger, père doit sortir en ville pour se rendre à la chaînerie des grains. Nous marcherons ensemble et donc tenue de rigueur pour vous !
— Bien, j’ai compris le message ! À plus tard !
Avant de regagner sa chambre, elle fit un détour pour voir Lumière. Elle n’y resta qu’un instant, puis monta se rafraîchir et s’habiller. Elle revêtit son uniforme de garde jusqu’à la cape qu’elle réussit à endosser sans Élina. Au moins, cette dernière avait eu raison sur deux points. La cape, ainsi disposée, libérait complètement le mouvement de son bras et un geste suffisait pour la dégrafer. Aila observa le système de fermeture, constitué d’une petite pince souple, facile à ouvrir et en apprécia l’ingéniosité. Refermant l’armoire, elle repéra sa tenue en cuir, rangée parmi ses affaires. Élina accomplissait vraiment son travail avec application…

La quatrième cloche allait sonner. Aila se dépêcha de rejoindre la salle à manger sans trop s’égarer dans les couloirs. Elle ne savait pas vraiment à quoi s’attendre avant d’y parvenir, mais, là, elle fut stupéfaite. Cette immense pièce mesurait bien au moins quatre fois la taille de celle d’Antan. Devant une gigantesque cheminée se tenait une très grande table autour de laquelle Avelin et son père, assis, discutaient avec animation. Ses doutes la reprirent. Mais que faisait-elle ici à partager le repas du roi et de son fils ? Ce n’était pas sa place, à moins que le rôle de garde du corps ne donnât certains privilèges, mais elle en doutait. Manger à leurs côtés pour les protéger lui paraissait logique, mais avec eux… Elle se sentit terriblement mal à l’aise, n’osant plus risquer un pas. Ce fut Avelin qui, comprenant son hésitation, vint la chercher et l’amena vers sa chaise. Elle s’installa, tandis que les serviteurs remplissaient leurs assiettes. Aila s’aperçut qu’elle avait faim, mais attendit avec impatience que le roi entamât le repas pour l’imiter. Ils mangèrent vite, n’échangeant que des banalités. Dès la fin du déjeuner, Sérain les entraîna vers son bureau, à l’abri d’éventuelles oreilles indiscrètes. Il s’assit, invitant Avelin et Aila à prendre place à ses côtés.
— Ce matin, une escouade est partie enquêter sur les décès suspects dont nous avons parlé hier. Le capitaine Aténor la dirige et nous pouvons lui faire confiance ; s’il reste un indice à découvrir à Pontet, il nous le ramènera. Il prendra aussi des nouvelles de l’aubergiste et verra s’il peut lui être d’une aide quelconque.
Sérain se tut, semblant peser ce qu’il allait dire avant de reprendre la parole, puis s’adressa à Aila :
— Cet après-midi, je rencontre la chaînerie des grains, en proie à de grandes difficultés : les récoltes, tellement mauvaises, ont occasionné une pénurie de blé, d’orge et de maïs. Même en mettant l’argent en commun, elle ne parvient plus à acheter assez de céréales pour la ville et ses environs, en particulier de blé. De plus, quand les boulangers fabriquent du pain avec ce qu’ils ont réussi à trouver, soit ils n’arrivent pas à le vendre, à cause du prix trop élevé, soit ils se font dévaliser ! J’ai proposé à ses membres de réfléchir ensemble à des solutions sensées, d’une part, pour diminuer le tarif du pain, d’autre part, pour mieux protéger leurs intérêts. Dans une heure, je me rends place du furet avec Avelin, alors autant vous communiquer toutes les informations dont vous aurez besoin pour veiller à notre sécurité. Aila, depuis plusieurs années et de manière répétée, je constitue la cible de tentatives d’assassinat. La plus grave d’entre elles, vous connaissez l’histoire, a entraîné les disparitions de ma femme et de ma fille. J’aimerais encore vivre quelques années pour avoir le temps de laisser à mes enfants un pays plus serein qu’aujourd’hui. Lors de notre déplacement, vous devrez donc protéger deux personnes, mon fils et moi, souvent choisies comme objectif principal. Que désirez-vous savoir pour assurer au mieux votre rôle ?
— J’aurais souhaité reconnaître le chemin dans votre ville dont j’ignore tout ou presque, mais je suppose que nous n’en aurons pas le loisir…
Sérain confirma d’un hochement de tête.
— Avez-vous une carte que je pourrais consulter ? J’aimerais également des descriptions précises de la configuration des lieux que nous allons traverser. Pour vos déplacements suivants, il serait préférable que je connaisse mieux la ville. Avelin, aurez-vous l’occasion, dans les prochains jours, de me proposer une petite visite guidée des alentours ?
— Avec plaisir ! Dès demain, je vous promènerai dans notre belle cité, promit-il.
Sérain étala une carte devant Aila.
 — Voici la route que nous emprunterons et ici, la place principale dite du furet, large et ouverte sur sept rues. La plupart des chaîneries y sont installées : grains, terre, minerais, animaux… Elles possèdent une dizaine de maisons sur la trentaine qui entourent l’esplanade et occupent majoritairement des bâtisses à deux étages. Pour nous y rendre — elle est située au centre de la ville haute —, nous allons prendre cette rue à partir du château. Elle part en oblique vers le nord et croise toutes les ruelles indiquées sur le plan.
Mémorisant au mieux ce que Sérain lui expliquait, Aila construisait au fur et à mesure le trajet dans sa tête. Avelin y ajouta la taille des voies, leur particularité, et répondit à toutes les questions qu’elle posait. Elle promena une dernière fois son doigt sur la carte, vérifiant ce qu’elle avait retenu avant d’afficher sa satisfaction. Elle se leva.
— Quand partons-nous ?
— À la prochaine cloche, affirma Sérain.
— Je vais me préparer, puis je vous rejoins dans la cour.
— Aila, la rappela le roi, un instant, je vous prie. Je me doute que vous disposez de tenues que vous préféreriez à celle que je vous impose. Cependant, j’avais dans l’idée de décourager les tentatives contre moi en affichant visiblement ma protection rapprochée. C’est donc un choix mûrement réfléchi que mes gardes portent un uniforme.
— Je comprends, sire, répondit la jeune fille en s’inclinant. Je vous rejoins dans la cour.
La jeune combattante fila chercher ses armes, sa cape flottant derrière elle. À présent qu’elle avait accepté le fait, cela l’amusait presque. Elle attendait de voir quelle allure aurait son frère dans cet uniforme ! Après tout, elle avait connu pire, déguisée en promise d’Hubert : tous les inconvénients et aucun avantage ! Non, ce n’était pas tout à fait vrai. Ce n’était guère pratique pour se battre, mais dans le même temps, à Escarfe, elle avait aussi ressemblé à ce qu’elle était : une femme. Un léger regret s’agita au fond de son cœur. Habillée et coiffée comme une dame, elle s’était presque trouvée jolie. Elle avait gardé pour elle qu’il lui était parfois arrivé d’envier les filles de dame Mélinda… Seulement parfois, car elle ne regrettait en rien son enfance… Elle monta son arc. Qu’avait-elle pu oublier ? Sa petite ceinture à onguents ! Hamelin et elle l’avaient conçue bien des années auparavant en y mettant tous les ingrédients nécessaires pour des soins urgents. Elle ne l’emportait que lorsqu’elle partait avec Bonneau, vérifiant tranquillement son contenu à l’avance. Et ce fut ce qu’elle fit : rien ne manquait, pas de flacon cassé ou de produit ayant tourné. Elle l’enfila en bandoulière, puis saisissant son arc et son kenda, elle sortit et se dirigea vers les écuries pour y retrouver Lumière. Elle prit son temps pour lui parler, la brosser avant de la seller. Elle fixa la ceinture à onguents et suivit avec Lumière deux palefreniers qui conduisaient des chevaux, persuadée qu’ils rejoignaient la cour où se trouvaient le roi et son fils.
— Quel est ce bâton ? questionna Sérain avec curiosité, tandis qu’Aila s’approchait.
— C’est un kenda. Votre fils Avelin a commencé son apprentissage et nous pourrons vous en donner une démonstration si vous le souhaitez.
— Excellente idée ! Nous pratiquerons cela à notre retour. À présent, en route.
— Excellente idée, en effet, je vais avoir l’air de quoi quand je vous combattrai ? grommela Avelin, juste pour Aila.
Elle le gratifia d’un large sourire :
— D’un grand chef ! Je ne ferai rien qui pourrait vous faire passer pour un débutant… Enfin, pas trop !


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